3 hommes nous parlent du complexe autour de leur maigreur et l’acceptation de soi 3 hommes nous parlent du complexe autour de leur maigreur et l’acceptation de soi

3 hommes nous parlent du complexe autour de leur maigreur et l’acceptation de soi

Témoignages

Photos DR

Texte Clément Laré

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Pendant plusieurs années, Jason, Kastriot et Paul* ont complexé sur leur maigreur. Ils reviennent pour Horace sur leur expérience.

Kastriot, chef de projet marketing, 25 ans

“J’ai pris conscience très tôt que j’étais mince et cela a fini par devenir le point noir de mon adolescence. Le regard des autres et les remarques étaient durs à supporter. Je faisais tout pour le cacher : cela pouvait même m’arriver de mettre des leggings sous mes pantalons pour essayer de paraître moins maigre.

Il a fallu que je grandisse pour que cela s'apaise. J’ai quitté le lycée, je me suis débarrassé de mon appareil dentaire, j’ai appris à me mettre en valeur avec mes vêtements… J’ai fini par m’accepter ! Aujourd’hui, je me trouve élancé et j’ai tiré un trait sur cette époque de mal-être qui me paraît à des années-lumière. Je suis bien dans ma peau.

Je trouve ceci dit qu’on ne parle pas assez des personnes qui complexent sur leur minceur. On va associer l’idée de maigreur directement à une maladie, même lorsque l’on est en parfaite santé. Ou alors quand on exprime notre complexe, on ne nous prend pas au sérieux. Beaucoup de gens rétorquent simplement qu’on a “de la chance d’être mince”, qu’on peut “manger ce que l’on veut”, qu’on n’a “pas de raison de se plaindre”. Mais ça peut être une vraie souffrance pour certains. Au lycée, il m’est arrivé de taper sur des forums : “je suis un garçon et je suis mince” pour voir si d’autres étaient dans mon cas. C’est important d’en parler car cela concerne beaucoup d’hommes.”

Jason, humoriste et comédien, 25 ans

“J’ai toujours été très mince, et j’ai l’impression que ce sont les autres qui m’ont créé ce complexe. Il est né de petites remarques qui viennent souvent de l’entourage ou de la famille. Du type : “alors, il faut que tu manges ! ” ou des “t’es tout maigre, on voit tes os”. Elles ne partent pas forcément d’un mauvais sentiment mais elles entrent dans la tête, marquent et ne sont pas anodines : les mots, c’est comme des sorts que tu jettes à quelqu’un. Mon complexe vient de là. Je me suis alors retrouvé à me comparer aux corps musclés que je voyais autour de moi et je me sentais mal à l’aise.

J’ai décidé de commencer le sport parce que je voulais prendre de la masse et changer ma silhouette. Je me suis aussi fait tatouer, en me disant que les regards seraient attirés par mes tatouages plutôt que par mon corps. Je ne me trouvais pas beau, j’ai donc fait ce que je pensais important pour plaire aux gens.

Avec le temps, mon état d’esprit a changé. J’ai compris que je pouvais plaire avec le corps que j’avais, sans avoir besoin d’être hyper musclé pour ça. Mon métier d’humoriste fait aussi que l’on se remet beaucoup en question. J’ai donc décidé de travailler pour apprendre à m’accepter. J’ai continué le sport et les tatouages mais cette fois, parce que cela me faisait plaisir. C’est devenu une manière de prendre soin de moi. Le fait que je sois maigre, ça ne me traverse plus l’esprit.”

Paul, personal shopper, 29 ans

“Je me rappelle très bien du jour à partir duquel j’ai commencé à complexer sur ma silhouette. Je devais être en première et je suis arrivé au lycée avec un nouveau jean, un peu large, comme ça se faisait à l’époque. Une amie m’a regardé et m’a dit : “Ça ne te va pas du tout ce genre de pantalon, ça te rend encore plus maigre que tu ne l’es déjà”. Il ne m’en fallait pas plus pour que j’en fasse une obsession. J’ai arrêté d’aller à la piscine municipale, je faisais attention à ma manière de m’habiller…

Quelques années plus tard, en école de mode, mon entourage m’a poussé à me lancer dans le mannequinat. Je savais que je rentrais dans les critères sans que cela n’atténue mon complexe. Je n’avais aucune envie de ressembler aux mannequins sur les podiums ! Quand je me suis présenté à une agence, une directrice de casting m’a dit que j’avais du potentiel mais qu’il y avait un petit problème : un soi-disant début de double menton et quelques kilos à éliminer.

Ça m'a fait bizarre, c’était la première fois qu’on ne me disait pas que j’étais trop maigre. J’ai décidé de perdre les kilos comme demandé mais je ne me sentais pas hyper bien. Même mes proches s’inquiétaient ! Ma carrière de mannequin n’a pas eu de suite malgré ça. Alors je suis revenu à mon poids d’origine et ça m’a réconcilié avec moi-même. J’étais totalement débarrassé de mes complexes. Ça m’a fait l’effet d’un électrochoc. J’ai compris alors que c’est ma silhouette, ma morphologie et j’ai décidé d’aimer mon corps. Quelques mois plus tard, je suis retourné à la piscine et ça allait bien !”

(*De gauche à droite sur l’image)