La cure de sébum sur le banc d’essai La cure de sébum sur le banc d’essai

La cure de sébum sur le banc d’essai

Guides & Conseils

Photos Rachelle Simoneau

Texte Pauline Allione

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En période de confinement, les cheveux gras ont la côte.  

Depuis que Françaises et Français sont confinés, une tendance capillaire connaît un succès jusque-là inédit : la cure de sébum. Censée hydrater naturellement les cheveux et permettre d’espacer davantage ses shampoings, cette cure consiste à ne plus se laver les cheveux pendant un mois, ni plus ni moins. Réparti sur les longueurs grâce à des brossages quotidiens, le sébum s’auto-régule et nourrit le cheveu en profondeur. Assumer sa tignasse graisseuse au boulot ou entre potes pouvait en freiner plus d’un, mais le confinement a fait tomber les barrières : le cheveu luisant à la maison, c’est ok.

Zéro lavage, mais des coups de brosse et quelques rinçages

Joris, qui songeait à faire cette cure depuis deux ans sans trouver vraiment l’occasion, fait partie de ceux qui ont sauté le pas à l’annonce du confinement. Il a convaincu quelques potes de mener l’expérience avec lui, histoire de se soutenir et de s’empêcher mutuellement de se jeter sur le shampoing à l’heure de la douche. “Je mets une charlotte quand je me douche pour éviter de me mouiller les cheveux et je les brosse matin et soir avec une brosse en poils de sanglier. La nuit, je me fais une tresse pour éviter qu’ils bougent” explique le Strasbourgeois. Résultat ? Des cheveux gras, comme prévu. “À partir du cinquième jour ils ont commencé à graisser, le sixième ils étaient très gras, le septième très très gras, et au bout d’une semaine ça commençait à gratter” résume-t-il. Il s’autorise tout de même un rinçage par semaine, ce qui le soulage temporairement et lui permet de tenir sur la longueur, pour remplir son objectif d’un mois sans lavage.

“Je suis assez surpris, je pensais que ça allait être pire que ça”, confie pour sa part Maël, après une semaine à bouder les shampoings. Ce chargé de communication dans une ONG de protection environnementale a intégré à sa routine quotidienne un rinçage à l’eau claire, avant de peigner ses cheveux matin et soir. “Je trouve qu’il y a beaucoup de cheveux qui restent sur le peigne mais je pense que vu qu’ils sont gras, ils ne tombent pas pendant la journée” théorise-t-il. Aussi, il voit dans la cure de sébum l’occasion de tester de nouveaux looks capillaires. “Je redécouvre un peu le fait d’avoir les cheveux gras et l’effet collatéral, c’est que je peux me faire des coiffures que je ne pouvais pas faire avant, puisque ça fait comme un effet gel”.

“Je me sentais un peu comme le crado de la bande”

L’effet gel provoqué par le sébum a beaucoup moins plu à Brandon, qui ne se séparait plus de son bonnet, peu importe l’heure de la journée. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’a pas signé pour une cure d’un mois : deux semaines relevaient déjà de l’exploit pour cet assistant marketing, habitué aux shampoings quotidiens. Quelques jours après avoir mis un terme à sa cure, il tire un bilan globalement positif. “Je les trouve beaucoup plus doux et agréables au toucher et j’ai l’impression qu’ils graissent moins vite.” Mais le confinement n’a pas rendu la chose facile pour le jeune homme, qui ne se sentait pas franchement à l’aise avec ses cheveux gras. “J’étais très gêné par rapport à ma coloc qui pouvait se laver les cheveux, et tous les jours à 18 heures on fait un apéro avec les voisins de balcon à balcon, on est très nombreux. Je me sentais un peu comme le crado de la bande, ça me gênait à mort”. Et depuis qu’il a retrouvé l’odeur du shampoing, c’est bien simple, il “revit”.

“On ne m’a jamais autant complimenté sur mes cheveux !”

Si Maël, Joris et Brandon ne sont pas encore allés au bout du mois sans lavage, Théau l’a fait. En télétravail durant plusieurs semaines suite à une opération, il avait profité de ce temps à la maison pour mener l’expérience. “Aujourd’hui, je me lave les cheveux au maximum deux fois par semaine”, affirme Théau alors même qu’il faisait partie de la team “lavages quotidiens” avant sa cure. “Mes cheveux ont gagné en volume, en brillance, ils ont retrouvé une vigueur assez dingue détaille-t-il, avant d’ajouter : Je n’ai pas encore les cheveux de Beyoncé, mais on ne m’a jamais autant complimenté sur mes cheveux qu’aujourd’hui !”

Malgré ces résultats positifs, Isabelle Gallay, dermatologue et vice présidente du syndicat des dermatologues-vénérologues (SNDV) se montre plus réservée sur les effets d’un excès de sébum. “Tout le monde ne peut pas le faire dans le sens où il y a des patients qui fabriquent beaucoup de sébum à l’état naturel donc ils ont quand même besoin de se laver les cheveux pour enlever du surplus. Un cuir chevelu surgraissé risque d’entraîner une prolifération microbienne”. Dans ce cas là, le crâne démange et des pellicules apparaissent… Moins sexy. Mais espacer les shampoings n’est pas une mauvaise idée, nuance le Dr Gallay : “Quand on freine trop la sécrétion de sébacées par le dessèchement il y a un rebond qui fait que les glandes sébacées vont justement se mettre à travailler plus, c’est un cercle vicieux. Donc on peut ralentir les shampoings, si on est à deux fois par semaine ne garder plus qu’un shampoing par semaine, voire un tous les dix jours… Et pourquoi pas plus encore si c’est bien toléré”.

Cure de sébum et confinement, mauvais combo ?

Alors que le gouvernement nous martèle de respecter les gestes barrières et des règles d’hygiène strictes, le boycott des shampoings serait surtout une fausse bonne idée, avertissent certains professionnels de santé. “On nous conseille de nous laver fréquemment les mains, de ne pas se toucher le visage. Mais beaucoup de personnes se touchent les cheveux également : imaginez-vous les conséquences que cela pourrait avoir si des personnes arrêtent de se laver les cheveux pendant un mois ?” interrogeait notamment Laurence Coiffard, titulaire d’un doctorat en pharmacie, dans les lignes du Huffington Post.

Si la cure de sébum ne pose aucun problème pour une personne qui ne sort pas de chez elle, faire ses courses ou prendre l’air pourrait logiquement changer la donne. Le quotidien 20 Minutes, qui a posé la question à un docteur se faisant appeler Dermato Drey, rapporte deux solutions : “Des particules virales peuvent se déposer sur les cheveux et y rester pendant plusieurs heures. Les toucher, puis toucher son visage, est un risque de récupérer le virus. Il vaut mieux se les laver régulièrement, ou au moins se couvrir complètement la tête quand on sort de chez soi et qu’on risque de croiser du monde” détaille le dermatologue.

Si l’idée vous tente de rejoindre le cercle des cheveux gras, n’oubliez donc pas ces quelques précautions, primordiales en période de pandémie.

Pour prendre soin de vos cheveux