"Comment je me suis appropriée le parfum Horace de mon compagnon" "Comment je me suis appropriée le parfum Horace de mon compagnon"

"Comment je me suis appropriée le parfum Horace de mon compagnon"

Témoignages

Photos Instagram / Tomwilliamparis

Texte Adeline Grais-Cernea

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A l’approche de la Saint-Valentin, Adeline raconte comment peu à peu elle s’est appropriée le parfum, &Horace, de son compagnon, Marc, le cofondateur de Horace. Parfum que les deux partagent désormais.

J’étais impatiente que Marc ramène le parfum à la maison. Cela faisait longtemps que nous en parlions, longtemps qu’il évoquait ses senteurs, « ses notes ». me montrait des idées de flacon, réfléchissait au nom. Ce nouveau projet semblait le fasciner. Faire un parfum, c’est fort, c’est intime, c’est risqué. C’est une rencontre. Va-t-on s’apprécier, s’associer, réussir à fusionner ? Pour une marque c’est un enjeu important car c’est un produit qui touche à l’essence même d’une personne. Un élixir subtil qui va affiner votre caractère, témoigner de vos préférences et assumer le jeu de la séduction sociale.

L’odeur se diffuse au gré de vos pas, à mesure que vous arpentez les rues, elle entre dans vos maisons, s’incruste dans vos vêtements, enrobe vos cheveux, étreint votre peau, s’infiltre dans vos pores jusqu’à faire partie de vous. On connaissait votre sourire, on connaît désormais votre parfum. Il s’ancre dans la tête de vos amis, de vos enfants, de vos collègues… grâce à lui votre aura change de couleur et plus important encore, le souvenir que l’on a de vous devient plus fort, plus précis, plus grand.

À aucun moment je n’ai imaginé porter le futur parfum d’Horace. Non pas parce que c’était censé être un parfum pour les hommes (je ne pense pas qu’il y ait des senteurs plus pour les hommes et d’autres plus pour les femmes… tout le monde a le droit de cocoter le patchouli si le cœur lui en dit), mais parce que je portes depuis très longtemps un autre parfum, Mûre et Musc, de l’Artisan Parfumeur, que je n’ai ‘’trompé’’ que très peu de fois avec Bal d’Afrique de chez Byredo. Vous savez, ce truc de la fidélité. Trouver son parfum, c’est comme trouver un.e partenaire. On le porte avec amour, on le présente avec fierté, on sait qu’il nous ressemble et l’on a cette envie folle qu’il nous accompagne tout au long de notre vie. Jamais on ne penserait à le changer pour une autre fragrance et c’est un lien assez unique que l’on entretient finalement avec assez peu de produits du quotidien.

Depuis que je connais Marc, je ne l’ai jamais vu se parfumer. Il a peut-être essayé, parfois, mais ce n’était jamais lui, il n’avait ni le réflexe, ni le geste, mais surtout il n’en éprouvait aucun besoin. Quand il est rentré du bureau à la maison ce soir-là en criant : "Ça y est je l’ai !” et qu’il m’a tendu la boîte, j’ai senti à quel point il avait envie que j’aime ce nouveau compagnon de route. J’ai ouvert délicatement l’emballage en carton, ai découvert le flacon robuste et chic et tout de suite, j’ai vu les autocollants. Marc m’avait déjà expliqué le concept qu’ils avaient imaginé avec les équipes créatives : des lettres en stickers pour écrire son nom à côté de celui du parfum, “& Horace”. Une façon de s’approprier l’objet, complètement. “Vas-y !, m’a-t-il dit ! Colle les lettres, écris ce que tu veux !” La raison aurait voulu que j’écrive Marc & Horace, étant donné que c’est lui qui allait le porter, mais non, spontanément, et comme si j’accueillais un nouveau membre dans la famille, j’ai écrit : Adeline, Marc & Horace. Je pense que c’était une façon de dire à Marc, si tu aimes quelque chose et que tu veux qu’il fasse partie de ta vie, alors je l’adopte. J’ai tout de suite aimé le parfum. Je suis sensible aux parfums musqués donc, et les senteurs subtiles de & Horace me racontaient de la douceur, de la chaleur, de la protection.

Marc a commencé à le porter tous les jours. Un pschitt. Deux pschitt. Jamais plus. J’étais amusée de le voir grimacer quand il appuyait sur le spray tellement il n’avait pas l’habitude. Petit à petit, ses vêtements, ses affaires, ont commencé à sentir ce mélange subtil de cèdre, de bois de santal, de bergamote. En quelques jours, mélangé à sa peau et à ses usages, c’était devenu SON odeur. Le soir, je me blottissais contre lui et retrouvais ce petit plus addictif, dans lequel mes pensées venaient se réfugier. J’étais bien. Parfaitement. Le parfum de Marc était entré dans ma vie et j’avais maintenant besoin de le respirer comme pour rester un peu plus avec mon amour.

Très naturellement et sans avoir la moindre pensée pour mon Mûre et Musc, j’ai commencé à porter Adeline Marc & Horace tous les jours, en étant ravie d’emporter Marc partout avec moi sur mon écharpe, mes poignets, mes pullovers. Il était par ailleurs très apprécié et j’étais, vous l’imaginez, on ne peut plus fière d’en dévoiler la provenance. Je portais le parfum de mon mec, comme on porte le t-shirt de son premier vrai boyfriend. Avec passion. Très vite, j’ai pris possession du flacon. Il n’était plus dans les affaires de Marc, il était sur la table face à l’entrée, avec mes bagues, là où je dépose mes clefs, mon portefeuille. Il faisait partie des choses dont j’ai besoin, de celles qui restent avec moi, que je sois dedans ou dehors. Nous avons alors déménagé et avons hérité d’une très belle cheminée en marbre rouge, surplombée d’un énorme miroir : comment laisser le parfum dans une vulgaire entrée quand il pourrait venir sublimer cette partie du salon ? Et hop (!), le voilà trônant désormais à côté d’un gros bouddha doré qui protège la demeure. C’est un objet qui fait partie de la maison, je veux dire “vraiment”. Qui fait partie de ma vie, je veux dire “vraiment”.

Il y a quelques jours, Marc, quelques ami.e.s et moi-même étions justement en train de parler de parfum. Je chantais évidemment mon amour pour le musc remerciant Marc d’en avoir mis dans & Horace et lui demandais dans la foulée, quelle note de son parfum il préférait ? Pourquoi, lui qui n’en portait jamais avant, ne pouvait-il plus s’en passer ? Etait-ce la note de tabac ? Le poivre blanc ? La touche fleurie des racines d’iris ? Il me fit alors la meilleure des réponses : “C’est juste que tu l’as tellement mis que maintenant il me fait penser à toi.”

Le parfumeur est parfumé.

&Horace
&Horace
&Horace