“Comment je vis ma perte de cheveux précoce”
Photos D.R.
Texte Clément Laré
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La perte de cheveux touche une grande majorité d’hommes à différents stades de leur vie. Pourtant, nombreux sont ceux pour qui le début de calvitie n’est pas un moment facile à vivre. Du haut de ses 22 ans, Lucas, styliste modéliste, nous explique comment il le vit au quotidien.
“Tout à commencé à mes 19 ans quand j’ai commencé à remarquer de nombreux cheveux dans mon lit, le matin, quand je me levais. Une coiffeuse m’avait dit “vous savez, c’est normal, on perd à peu près mille cheveux par jour". Je trouvais cela tout de même étrange. J’ai continué de m’interroger jusqu’au jour où j’en ai parlé à une autre professionnelle qui a eu une toute autre réponse. En toute franchise et sans ménagement, elle m’a balancé “Ah oui oui, vous perdez vos cheveux”.
Un coup de massue
Ça m'a fait un coup. J’ai eu l’impression qu’on m’annonçait la pire des nouvelles au monde. Mes cheveux, c’étaient toute ma vie. Je définis vraiment mon identité par rapport à ce que les autres peuvent percevoir de moi au premier abord. Mes cheveux font partie intégrante de l’image que je renvoie. Ma coupe, ma couleur… C’est hyper important. Moi, chauve, je ne pouvais pas le concevoir. D’autant que jusque là, je n’y avais jamais réfléchi. Mon père avait encore ses cheveux à l’époque ! Mais en discutant avec lui, j’ai appris que mon grand-père était presque chauve à 20 ans. Apparemment, les gènes ont sauté une génération.
“J'étais complètement perdu”
Mon premier réflexe a été de faire un tas de recherches pour savoir ce que je pouvais faire. La coiffeuse avait été claire : quoiqu’il arrive, la chute était inévitable. Ma seule possibilité était de retarder l’échéance. Mais face à tout ce que je pouvais lire, j'étais complètement perdu. J’aurais aimé trouver de l’aide, avoir des professionnels vers qui me tourner, mais ça n’a pas été le cas.
En plus, ce n’était pas vraiment un sujet que je voulais aborder. Si ça sortait dans une conversation, je faisais tout pour l’éviter. J’avais l’impression que ça devenait rapidement un motif de rigolade de la part de ceux qui n’étaient pas concernés par le problème. Quelqu’un de jeune qui perd ses cheveux, ça peut vite finir en blague. Moi, j’étais loin de rigoler.
“J’ai acheté des trucs improbables”
J’essayais donc de filtrer par moi-même tout ce que je pouvais trouver. Mais très honnêtement, j’étais assez mauvais dans cet exercice. Je prenais tout pour argent comptant. C’était compliqué de savoir ce qui allait être bon ou pas. J’ai donc voulu tout tester : les sprays, les shampoings, l’huile de ricin sous toutes ses formes… Je n’ai pas encore passé le cap des gélules parce qu’elles ne stimulent pas seulement la pousse des cheveux mais aussi celle des poils. A ce niveau là, je n'en ai pas vraiment besoin. Mais je finirai sûrement par sauter le pas.
Le truc, c’est que personne ne semble avoir les mêmes avis sur les produits et ils peuvent vite revenir à très chers. Trouver son bonheur est vraiment compliqué. Je me suis retrouvé à acheter des trucs improbables. Une fois, je m’étais mis en tête de retrouver un spray colorant qu’un coiffeur m’avait mis sur le crâne pour dissimuler les zones les plus touchées. J’ai fini par acheter une bombe colorée pour masquer les racines en pensant que ça aurait le même effet. A la lumière, on ne voyait que ça. Ce fut un échec cuisant.
Un impact au quotidien
Ma perte de cheveux a aussi impacté ma façon de vivre. Je ne me coiffe plus pareil. J’essaie au maximum de jouer sur les contrastes en coupant les côtés très courts et en laissant de la longueur sur le dessus. Heureusement pour moi, c’est à la mode. J’ai aussi fini par oser me les colorer en rose fuschia. Je me suis dit que si mes cheveux doivent tomber, ils tomberont, et ce n’est pas dans 20 ans que je pourrais oser de telles extravagances. Pas question d’avoir des regrets !
Tout cela, je l’ai accompagné d’un vrai travail sur moi. L’alimentation et le stress, cela joue vraiment sur la chute de cheveux. Ça a été l’occasion de passer au crible mes habitudes. Maintenant, j’essaie de mieux manger et de savoir prendre du temps pour moi. J’ai d’abord tenu à m’occuper de tout cet aspect avant de songer à des solutions plus médicales.
La greffe, le dernier recours
Aujourd’hui, je vis mieux ma perte de cheveux. Une fois passé le choc des débuts, le temps a fait les choses et j’ai appris à m’habituer. J’ai aussi l’impression que cela se voit moins. Cela dit, je ne sais pas si c’est grâce aux shampoings que j’utilisent ou parce que je fais moins une fixation dessus. Toutefois, je n’arrive toujours pas à m’imaginer chauve. On a beau me dire que ça pourrait bien m’aller, je n’en démords pas. Il est certain que si la chute venait à s'accélérer, je songerais à des implants. Même si c’est douloureux. Même si c’est cher. Pour moi, c’est la seule solution que j’envisage.
Après qui sait... Je ne sais pas à quoi je ressemblerai dans vingt ans. Peut être que je me dirais qu’en fait, ça me va bien. Peut être que je me dirais que ce n’est pas grave et que je ne voudrais plus m’en soucier. Ou peut-être que je ne serais toujours pas ok avec ça. Mais seul le temps pourra nous le dire.”