“Comment j’entretiens ma barbe” : Morgan parle d’identité de genre et des bienfaits de l’huile de ricin “Comment j’entretiens ma barbe” : Morgan parle d’identité de genre et des bienfaits de l’huile de ricin

“Comment j’entretiens ma barbe” : Morgan parle d’identité de genre et des bienfaits de l’huile de ricin

Témoignages

Photos D.R

Texte Anthony Vincent

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Psychopraticien et sexothérapeute, Morgan nous raconte ce que sa pilosité faciale représente pour lui en tant qu’homme trans, et comment il en prend soin.

« J’ai eu une première puberté dite féminine, pendant laquelle je n’ai pas développé de barbe. Pourtant, je me rasais déjà, pensant que ça aiderait à la faire pousser. Je pensais naïvement qu’elle allait se développer une fois adulte. J’ai commencé une transition dite médicale, avec un traitement hormonal, à la fin de mes 17 ans.

De la testostérone et de l’huile de ricin pour faire pousser sa barbe

À mesure que je prenais de la testostérone, j’ai vécu une sorte de deuxième puberté avec différents changements. J’ai commencé à développer une pilosité plus importante, et vivais chaque poil supplémentaire sur mon visage comme une petite victoire. Si le duvet de ma moustache s’est rapidement épaissi, ma barbe a pris plus de temps à se former, restant très éparse jusqu’à mes 19 ans. Je me rasais de manière à ne laisser que des pattes, car je rêvais d’avoir des rouflaquettes dignes de Danny Zuko, le héros de Grease joué par John Travolta (rires). Puis je laissais quand même une espèce de collier de barbe. Je le massais tous les matins avec une tambouille maison à base d’huile de ricin afin d’en stimuler la pousse et de la renforcer jusqu’à mes 20 ans, environ. Plus j’avais de barbe, moins on me mégenrer dans l’espace public : c’est-à-dire que des inconnus m’appeler “Monsieur” d’emblée, sans même que j’ouvre la bouche, conformément à mon identité de genre d’homme.

Du collier de barbe à la barbe de trois jour avant d’arriver à la ducktail

Ma barbe ne poussait toujours pas à ma convenance : elle ne remontait pas assez sur les joues à mon goût, mais c’était quand même plus qu’un collier de barbe. L’année de mes 21 ans, ce que j’aimais bien faire, c’est jouer avec ma moustache : j’aimais bien qu’elle termine en une petite boucle de chaque côté que je faisais tenir de façon bien définie avec un peu de cire. À 22 ans, j’ai commencé à aller chez le barbier, pour qu’il s’occupe de mes cheveux et de ma barbe. Comme tout ça pousse rapidement chez moi, j’y vais tous les 10-15 jours. Longtemps, il me la taillait comme une barbe de trois jours, car elle n’était pas suffisamment fournie pour être jolie plus longue. À partir de mes 25 ans, j’avais enfin une barbe suffisamment fournie pour la garder plus longue, car elle remontait bien sur mes joues. Et je peux donc porter ce que je veux depuis longtemps : une barbe en ducktail. À savoir une barbe en queue de canard, légèrement en pointe projetée vers l’avant.

Comment je tonds et rase ma barbe en ducktail

Au premier confinement, je ne pouvais plus aller chez le barbier, donc j’ai dû apprendre à la taille comme ça par moi-même. J’ai quand même essayé de me raser court en mode barbe de trois jours juste pour voir et me rappeler à quoi je ressemble sans ma ducktail. Et ça m’a fait un petit choc, car j’avais oublié à quel point j’avais un tout petit menton ! Du coup, je suis encore plus content d’avoir appris à tailler ma barbe longue en ducktail, car je trouve que ça me va bien, ça rend mon visage moins rond, plus ovale. Depuis que les coiffeurs ont rouvert, je retourne chez le barbier tous les 10-15 jours comme avant, mais il ne s’occupe plus que de mes cheveux car je préfère tailler ma barbe moi-même désormais. À la même fréquence, pour que ce soit plus harmonieux. Je la tonds avec un gros sabot et fais les finitions de mon ducktail aux ciseaux pour plus de précision. Tous les matins, je rafraîchis les contours des pommettes et du cou au rasoir. Je rase aussi une ligne le long de la vallée de l’arc de cupidon, pour bien mettre en valeur les deux pans de ma moustache de part et d’autre. Aujourd’hui, je n’utilise pas d’huile ni de crème particulière. Je la shampouine juste avec un produit dédié une à deux fois par semaine. C’est suffisamment nourrissant pour l’adoucir à mon goût. Je suis très attaché à ma barbe, ça fait clairement partie de mon visage et même de mon identité.

En tant qu’homme trans, je pense aussi que cette pilosité faciale m’a beaucoup aidé dans mon passing (dans le contexte du genre, le passing renvoie à la capacité d'une personne à être considérée, en un seul coup d’œil, comme cisgenre. C’est-à-dire qu’on ne se dit pas en la voyant “cette personne est peut-être trans”). D’emblée, les gens me voient comme un mec adulte. Sans ma barbe, j’aurais peut-être eu l’air d’un éternel adolescent. Elle m’a clairement aidé à m’asseoir plus confortablement dans mon identité masculine.”

Pour une belle barbe

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