

Cinq hommes parlent de leur quotidien avec l’acné.
Le casting
Maxime, 23 ans, journaliste et comédien à Paris. Touché par l’acné depuis ses 19 ans, il suit un traitement contre l’acné depuis quelques mois.
Paul*, 34 ans, employé en usine dans la région Grand Est. La fin de l’adolescence n’a pas marqué la fin de son acné.
Nathan, 23 ans, étudiant à Paris, il compte 125 000 abonnés sur Youtube. Il s’est essayé deux fois à Roaccutane et est passé une dizaine de fois sous le laser de son dermato.
Arthur, 21 ans, il vit à Paris et a créé le podcast Mauvaises Têtes. Sa peau lui a causé du souci à l’adolescence, jusqu’à ce qu’il suive le même traitement que Nathan, à 18 ans.
Alex, 20 ans, Youtubeur installé à Paris. Il a connu l’acné par périodes pendant l’adolescence, mais n’en garde aujourd’hui que le souvenir.
Les premiers boutons, et le début des ennuis
Maxime : L’acné est arrivée progressivement, je ne m’en suis pas vraiment aperçu. Ça a commencé avec un bouton, puis un deuxième… Jusqu’au jour où je me suis dit : “Wow, j’en ai vraiment beaucoup”.
Paul : J’avais 15 ans, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Pour ma mère et le médecin ça n’avait rien d’affolant, ils me disaient que ça faisait partie de l’adolescence.
Nathan : Avec l’âge ça a empiré, j’avais des boutons, des points noirs, des comédons enflammés… C’est vraiment un truc qui me tracassait au quotidien.
Alex : Ça arrivait par période, parfois je n’avais pas d’acné, et d’autres fois j’avais le visage criblé de boutons. Dans ces moments j’avais du mal à sortir de chez moi, à me montrer… J’étais archi complexé parce que ça touche au visage, à l’identité.
Arthur : J’en ai fait toute une histoire à l’époque. J’avais l’impression qu’on ne voyait que ça, que ce n’était pas normal. Je suis d’une génération Instagram et les codes de la masculinité sont tels qu’il était difficile de m’y retrouver et d’être ok avec la personne que j’étais et ce à quoi je ressemblais, notamment en ayant de l’acné.
L’obsession de l’éruption cutanée
Alex : Chacun a ses complexes, moi c’était l’acné. Je ne suis pas quelqu’un qui se laisse faire, j’avais confiance en moi, mais je ne me sentais pas au top. J’évitais les photos, mais quand ça m’arrivait je mettais un peu d’anti-cernes ou je retouchais les images.
Nathan : Si j’avais un bouton, j’y pensais toute la journée. Je me demandais toujours si les gens me regardaient moi, ou le bouton sur mon visage.
Maxime : Ça me gêne un peu, parce que ça a changé le regard que je porte sur moi, mais aussi la façon dont j’interprète le regard des autres. Quand je passe des castings par exemple, je n’ai pas toujours envie d’affronter les regards, même si je pense qu’il n’y en a pas réellement, ça me gêne plus moi que les autres.
Paul : L’acné influence ma vie en général. Ma façon de m’alimenter, de penser, ma relation avec les autres, ma vie sentimentale… Par exemple, je ne suis plus du tout motivé à aller vers une femme pour l’inviter à sortir.
Le regard des autres
Alex : Adolescent, j’avais énormément de mal à parler de mon acné, parce que beaucoup de personnes vont te faire remarquer que tu es tout rouge, te demander ce que tu as foutu, pourquoi tu t’es encore percé les joues…
Nathan : Ça a une connotation assez sale, on pense que tu te nettoies pas la peau, que ne tu fais pas ce qu’il faut, alors qu’au final tu n’y peux pas grand chose.
Paul : J’en discute plus facilement sur les réseaux sociaux, ça a moins d’impact qu’avec des gens que je côtoie. Mais aujourd’hui, les regard m’importent peu. Parfois j’ai une appréhension avant d’aller au travail, lorsqu’un bouton mal placé vient d’apparaître sur mon visage. J’ai une pensée énervée, puis finalement je me dis que je m’en fous.
Arthur : Au final, une bonne partie de mes amis avait également de l’acné à 15 ans. Quant à ma famille, je suis le dernier, et mes frères et sœurs étaient plus ou moins passés par là avant moi. Je trouve qu’il faudrait justement se décomplexer un peu là-dessus. J’ai l’impression que beaucoup de personnes sont confrontées à l’acné, de façon légère et/ou plus importante. J'aimerais voir plus de visages acnéiques sur les réseaux sociaux, dans les publicités.
Les traitements sur le banc d’essai
Arthur : Très jeune, j'ai décidé de vider les pharmacies, ce qui a été une grande perte de temps et d’argent. Puis je suis allé voir une dermatologue qui a essayé de me prescrire tout un tas de crèmes. Certaines fonctionnaient plus que d’autres, mais j’ai toujours des poussées d’acnés et des marques sur le visage. Du coup, on m’a filé le contact d’une dermatologue qui donnait à coup sûr Roaccutane, et j’ai suivi ce traitement pendant quelques mois.
Maxime : Pendant longtemps je n’ai pas franchi le cap du traitement, j’avais une mauvaise image de ces produits. J’avais des potes qui avaient pris Roaccutane et qui avaient eu des effets secondaires, donc je me suis dit que ça partirait tout seul. Mais depuis que je travaille ça me pose souci, j’ai l’impression de faire beaucoup plus jeune que mon âge. C’est là que j’ai commencé à prendre Curacné, un générique de Roaccutane.
Nathan : La première fois que j’ai suivi Roaccutane, mon dermato m’avait prescrit des doses très fortes et me faisait des séances de laser en parallèle du traitement… Je pense qu’il avait capté le bon filon avec moi, et j’étais tellement désespéré que je l’ai fait. Roaccutane a très bien fonctionné mais j’étais à fleur de peau et j’avais les lèvres très sèches. D’ailleurs elles le sont toujours depuis. Et le laser, c’était vraiment très douloureux. Tu pleures, tu serres les dents… Mais depuis, je suis vacciné contre la douleur.
Maxime : Aujourd’hui je n’ai plus de boutons, seulement des rougeurs. Mais c’est un traitement assez lourd pour un résultat qui n’est pas non plus flagrant. Les effets secondaires peuvent être assez violents, ça assèche toutes les muqueuses, la peau, les yeux, les narines… J’ai des gerçures très violentes jusqu’à en saigner parfois, et comme je porte des lentilles c’est parfois compliqué, parce qu’elles sèchent immédiatement. J’ai aussi des saignements de nez, et je dois être suivi pour mon foie à travers des bilans sanguins.
Arthur : Je ne suis pas à plaindre, le traitement a assez bien fonctionné et je n’ai pas eu énormément d’effets secondaires, si ce n’est une fatigue intense, un moral pas très stable pendant une période du traitement et bien évidemment, un assèchement important de la peau. Ce qui est déjà pas mal, en réalité… [Vous pouvez retrouver le témoignage d’Arthur sur Roaccutane, ici]
Nathan : J’ai suivi Roaccutane une seconde fois, après un traitement antibiotiques qui s’est avéré catastrophique. C’est fini depuis plusieurs mois maintenant, mais je ne suis pas vraiment satisfait. Il ne faut pas se leurrer, je n’aurais jamais une peau parfaite.
Paul : Lorsque j’avais 30 ans, j’ai suivi un traitement qui s’appelle Doxycycline (un antibiotique recommandé, notamment, pour traiter la rosacée, ndlr) pendant trois mois. Cela n’a rien changé et je n’ai pas cherché à le continuer. La seule chose qui m’a aidé, c’est de faire attention à mon alimentation. J’ai testé les aliments que mon organisme supporte, et ce qui me convient le mieux, ce sont les fruits et légumes crus et frais. Ça a diminué mon acné, les démangeaisons, et j’ai eu moins de complexes vis à vis des regards que l’on peut porter sur moi.
Aujourd’hui, ça en est où ?
Maxime : C’est plus de la lassitude que je ressens. J’en ai marre, j’aimerais que ça s’arrête et passer à autre chose...
Paul : Je ne me débarrasserai jamais de l’acné, ça a laissé chez moi des cicatrices physiques et psychologiques.
Alex : J’ai une ou deux cicatrices, mais je n’ai pas le visage marqué par l’acné. J’ai de la chance, ma mère par exemple, elle a des cicatrices en creux. Moi, non.
Nathan : J’ai quelques récidives, mais c’est plus un problème dû au stress, à la pollution et à ma typologie de peau.
Arthur : Parfois quelques boutons qui apparaissent, lorsque je suis dans une période de stress ou que j’ai une hygiène un peu moins bonne que d’habitude… Faites attention aux Do-Macs, les gars.
Un dernier conseil pour la route ?
Maxime : Il ne faut pas prendre un traitement coûte que coûte, parce que tout le monde y réagit différemment. Moi j’ai eu de la chance je l’ai plutôt bien reçu, mais il y a des personnes qui font des dépressions, des crises de nerfs… Il ne faut pas que ça devienne une priorité sur la santé. C’est chiant, mais il faut réussir à reprendre le contrôle et dédramatiser.
Nathan : Une fois, on m’a demandé, “est-ce que tu conseilles Roaccutane ?”, mais je ne peux pas le conseiller, c’est un traitement lourd. Par contre, mon conseil c’est d’aller voir un dermatologue. Ça peut être remboursé, et tu peux bénéficier de vrais conseils. Ça prend du temps, mais il faut être patient.
Paul : Mangez le plus naturel possible, beaucoup de fruits et légumes.
Arthur : Buvez de l’eau et dormez suffisamment ! Je méprisais grave ce discours avant, mais lorsque tu as de l’acné de manière sévère ça aide, même si bien sûr ça ne règle pas tout.
Alex : L’acné, ça vient, ça part, c’est comme ça. Il faut s’accepter et savoir mettre le reste en valeur. Tu as d’autres atouts sur ton visage, il y en a qui ont des beaux yeux, une belle bouche, un beau nez… Tu peux être beau avec de l’acné, c’est un défaut parmi d’autres.
(* Le prénom a été modifié)