

Noël en famille : 3 hommes racontent comment ils gèrent les remarques sur leur physique
Photos ABC / Modern Family
Texte Pauline Allione
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Parce que les repas de famille à Noël peuvent être une épreuve pour certains, trois hommes nous parlent des leurs et des critiques sur leur apparence auxquelles ils peuvent faire face...
Noël approche à grands pas et avec ça, les repas interminables, les bulles de champagne qui montent à la tête et les remarques potentiellement désagréables de parents plus ou moins proches. Trop gros, trop barbu, trop mince, trop tatoué… Justin, Francis* et Clément nous ont raconté leurs repas de famille et la manière dont ils encaissent les remarques sur leur apparence physique.
Francis, 25 ans, en recherche d’emploi dans le développement web
“Lors des repas de famille, j’ai régulièrement droit à des critiques au sujet de mon apparence, soit parce que je suis en surpoids, soit parce que ma barbe est trop longue selon certains. Ce sont des réflexions à base de “on dirait un terroriste”, ce genre de choses. J’essaie d’expliquer que c’est mon style et que je suis libre de décider de ce que je fais de ma barbe mais c’est relou, surtout que c’est vraiment répétitif à force. On en a discuté avec mes parents, je leur ai dit que je ne changerai pas pour autant, et ils ont remarqué qu’effectivement leurs critiques n’avaient aucun effet puisque je ne les prenais pas en compte. Ils se passent désormais de commentaire et respectent mon style, mais ce n’est pas le cas d’autres parents plus éloignés. Heureusement cette année, je sais qu'à Noël je serai à peu près tranquille car j’ai dû tailler ma barbe récemment pour un entretien d’embauche. Quant à mon poids, j’aimerais effectivement perdre quelques kilos et j’accepte certains conseils plutôt bienveillants et constructifs, comme pour m’aider à commencer un régime ou à me mettre au sport. Mais certaines remarques ne sont pas agréables à entendre, surtout quand on me dit que “j’étais mieux avant” ou que “c’est pour ça que je ne trouve pas de copine”... Dans ces cas-là, je préfère ignorer plutôt que me lancer dans une dispute. Et puis maintenant, on évite les sujets qui fâchent pendant les fêtes.”
Justin, 25 ans, urbaniste
“J’étais en surpoids jusqu’à l’âge de 22 ans, période à laquelle j’ai perdu pas mal de poids. Je viens d’Alsace et dans ma famille on mange des choses riches. Tout le monde est bien en chair et assez corpulent. À partir du moment où mon visage s’est affiné, j’ai eu droit à beaucoup de réflexions, surtout pendant les fêtes parce que c’est généralement là qu’on se retrouve. Je suis enfant unique et je n’ai pas de cousin ni de cousine, donc les regards sont vraiment portés sur moi dans ma famille. On parlait énormément du fait que je ne me nourrissais pas assez, et j’avais régulièrement droit à des “Oh mon dieu, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? ; est-ce qu’il mange assez de viande ? ; c’est le stress des examens ?”... Alors que c’est faux, j’adore manger et cuisiner des bons produits, je ne me prive pas. Étrangement, à partir du moment où j’ai commencé à bosser, à faire mes propres choix et à être autonome financièrement, ce rapport familial s’est complètement modifié. Depuis, quand j’explique que je suis mieux comme ça et que je me sens bien, on m’écoute enfin. Je me suis récemment décoloré les cheveux et j’ai fait un reflet rose dessus : quand j’ai rendu visite à ma grand-mère elle a trouvé ça rigolo, alors qu’avant ça aurait pu poser problème. Bien sûr, lors des fêtes on continuera de me resservir du Bäckehoffe jusqu'à ce que j'explose, mais maintenant on me comprend.”
Clément, 28 ans, en recherche d’emploi
“J’ai fait mon premier tatouage peu de temps après mes 18 ans. C’était sur l’épaule, donc il était caché sous mon t-shirt et personne ne le remarquait lors des repas de famille. Puis j’ai tatoué des parties de mon corps de plus en plus visibles comme mes avant-bras, mes phalanges et mon cou. J’ai aussi expérimenté différentes couleurs de cheveux, je me suis fait des piercings… Peu à peu, j’ai senti les regards changer, j’avais l’impression d’être pris de haut et méprisé. On me faisait des petites remarques de façon insidieuse ou sur le ton de l’humour, mais sans jamais m’en parler directement. Noël dernier, mon oncle était assis à ma droite et il a passé tout le repas à fixer le tatouage que j'ai dans le cou, tout le monde s’en est aperçu. Ces regards s’étant accentués, une distance a fini par s’installer avec certains membres de ma famille que je ne vois presque plus. Heureusement, mes parents et mes grands-parents s’y sont fait avec le temps. Ils ont d’abord commencé par me poser quelques questions sur le sujet de façon innocente, et on en a discuté. La démocratisation du tatouage a aussi joué, rien que dans mon village, le nombre de gens tatoués a beaucoup augmenté et c’est devenu banal. Maintenant, ils savent que ça fait partie de moi et profitent simplement du fait qu’on soit ensemble.”
* Le prénom a été modifié