Ce qu'il faut (vraiment) faire pour vaincre la gueule de bois
Texte Anthony Vincent
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Lors des matins (journées ?) difficiles, tout le monde a ses habitudes, ses conseils : certains pensent qu'il faut se doper à l'ibuprofène, d'autres qu'il est indispensable de dévorer la nourriture la plus grasse possible. Ils sont dans l'erreur. Petit tour d'horizon des idées reçues qui entourent la gueule de bois.
« Tu as une petite mine, ce matin » : voici comment vous accueillent, suspicieux, vos collègues. Après un dîner très arrosé ou un afterwork trop imbibé, votre corps fait les frais de votre levée de coude bien huilée. Voici le plan d’urgence à appliquer pour sauver votre journée.
Faut-il vaincre le mal par le mal ?
Réveillée par des nausées, la chape de plomb qui vous sert de cerveau hésite à réhydrater votre bouche pâteuse par une rasade de bière, un Bloody Mary, ou pire un cercueil avec les fonds de bouteilles qui traînent. Comme ces symptômes se révèlent au fur et à mesure que le taux d’alcool dans le sang diminue, vous pourriez avoir l’impression en buvant de nouveau de vous sentir mieux. En voulant « vaincre le mal par le mal », conformément à la croyance universitaire persistante, vous ne faites que repousser l’affrontement avec la gueule de bois - au risque de la voir empirer.
Pour venir en aide à votre langue lyophilisée et votre organisme desséché, misez plutôt sur un citron bio pressé dans un verre d’eau chaude. En plus de réhydrater votre corps, cela va stimuler la production de bile dans le foie qui s’occupe d’éliminer les toxines (i.e, vos Moscow Mules). À noter que lorsque cet organe est trop malmené, la peau prend le relais pour éponger vos excès. D’où le teint jaunâtre et la délicieuse odeur de fonds de bar qui en émane. Ainsi, en rendant service à votre foie grâce au citron, vous vous sauvez du même coup la face et votre réputation.
Thé ou café au petit déjeuner ?
L’estomac barbouillé, vous hésitez à vous sustenter. Plein de bonne volonté, vous comptez sur quelques tasses de café ou de thé pour vous réveiller et vous réhydrater. Grossière erreur : la caféine contenue dans ces boissons possède un pouvoir diurétique qui fait uriner davantage un corps déjà en manque d’eau. En plus, l’effet coup de fouet du café ne vous laissera que plus fatigué une fois retombé et rince l’organisme de son magnésium (qui garantit votre sang froid). Or l’abus d’alcool gêne déjà votre assimilation des minéraux. Vous ne feriez donc qu’empirer votre cas et vous rendre encore plus irritable.
Au petit-déjeuner, nous vous conseillons plutôt de faire le plein de fruits frais, riches en eau, en vitamines (la C s’avérant naturellement anti-fatigue), et en potassium. Ce dernier compensera l’acidité de l’alcool. Si vous tenez à boire quelque chose de stimulant, optez pour une infusion de maté, riche en minéraux. L’organisme assimile mieux sa matéine que la caféine ou la théine. Ce serait, d’après la légende, le secret des prouesses footballistiques d’Antoine Griezmann.
Vous avez encore faim ? Du porridge de flocons d’avoine avec du lait d’amandes, ou quelques tranches de pain complet et un morceau de fromage gras tels que le cantal ou le camembert feront baisser l’indice glycémique et éviteront les futures fringales et de sur-solliciter le foie.
Aspirine ou paracétamol ?
Après vos prouesses à faire pâlir un éthylotest, un comprimé contre le mal de tête apparaît comme soudain comme la panacée. Encore une fausse bonne idée : pour l’assimiler, le corps aimerait bien faire appel au foie mais celui-ci est déjà monopolisé par le traitement de l’alcool. En plus, le paracétamol se révèle toxique pour cet organe et peut y provoquer des lésions ou des hépatites chez les buveurs les plus excessifs. L’aspirine ou l’ibuprofène risquent quant à eux de provoquer des remontées acides ou des brûlures d’estomac.
Comme aucun médicament ne pourra éliminer votre gueule de bois, contentez vous de boire le plus d’eau possible (vous en avez perdu environ 1 litre tous les 4 verres) pour soulager vos reins et votre foie soumis à rude épreuve, et prenez votre mal en patience.
Les bons réflexes au cours de la journée
Vous l’aurez compris, le remède miracle n’existe pas. Votre corps aura besoin d’au moins 1 heure par unité d’alcool consommée pour s’en remettre. En attendant, offrez-vous une douche froide. - Ou un cadeau Horace - Elle n’influera en rien sur votre taux d’alcool dans le sang mais aura au moins le mérite de vous rafraîchir les idées, surtout si vous utilisez le gel douche menthe poivrée/arbre à thé.
Si vous devez aller travailler, organisez votre trajet de sorte à marcher quelques minutes dehors à l’air frais et au soleil. Au début, ça picote un peu, mais après une nuit trop courte, cela aidera à réactiver les synchroniseurs du rythme veille-sommeil et poussera votre corps à vraiment se réveiller. Celui-ci générera de la noradrénaline, qui vous aidera à être plus réactif.
Au déjeuner, essayez également, si le temps le permet, de manger en terrasse. L'objectif ? Profiter toujours plus des effets bénéfiques du soleil sur votre petite forme. Chaque pays connaît ses plats plus ou moins appétissants pour se remettre d’une gueule de bois : rollmops (cornichons et oignons entourés de filet de hareng mariné) en Allemagne, soupe de tripes en Roumanie, jus de cornichon en Pologne, ou encore soupe à l’ail en République Tchèque. Évitez simplement les aliments trop gras et trop salés pour épargner un foie et un estomac déjà fatigués. Une assiette équilibrée composée à moitié de légumes, d’un quart de féculents et d’un quart de protéines fera l’affaire (un conseil valable même hors lendemains difficiles).
Côté exercice physique, cela n’accélèrera pas le travail du foie pour éliminer l’alcool de l’organisme mais devrait au moins booster votre estime de vous-même après une nuit inoubliable dont vous peinez pourtant à vous souvenir.