Pourquoi l’undercut rebute sur Tinder
Photos Spencer Selvidge / Reuters
Texte Vadim Poulet
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Court sur les côtés, long sur le dessus : l'undercut est éminemment populaire, et facile à demander dans la chaise du coiffeur. Malheureusement, elle est aussi associée avec l'alt-right. Il serait peut-être temps de la couper.
L’undercut est une des coupes les plus emblématiques de ces dernières années. Cheveu court sur le côté, long dessus, le plus souvent coiffé en arrière, elle est rapidement devenue l’apanage des hommes du siècle, soucieux de leur mise et de donner une apparence libérale. Elle était alors, par définition, appréciée par tous pour ce qu’elle représentait : des hommes en phase avec le zeitgeist, modernes.
Mais récemment, les Américains, et plus particulièrement ceux que l’on appelle « alt-right » (ceux que la droiture nous oblige à appeler « nazis »), se sont enthousiasmés pour le style, désormais très populaires chez les aspirants fascistes.
Depuis, les utilisatrices et utilisateurs de Tinder se sont découvert un mécanisme de défense : le swipe left à chaque undercut. Pour elles, il est désormais impossible de savoir s’il s’agit d’un homme à la mode ou d’un néo-nazi. Comme le dating sur internet nécessite de prendre une décision basée sur des critères limités, et que le visage est plus visible que des tatouages de svastiskas sur le torse, l’undercut est devenue un deal-breaker suite à son adoption extrémiste. Ironie de l’histoire, les nazis avaient déjà popularisé cette allure dans les années 40.
L’histoire de cette coupe de cheveux est en effet mouvante : elle fut d’abord adoptée par les classes travailleuses au début du 20ème siècle, avant d’être médiatisée par les officiers de la Wehrmacht et les Jeunesses Hitlériennes. Ces références n’avaient, évidemment, rien à voir avec le retour en vogue de l’undercut, qui a dû son succès à Mad Men ou Boardwalk Empire et leur machisme gominé.
Comme beaucoup de mauvais souvenirs, le passage de l’undercut sur des têtes peu fréquentables a été oublié. Adoptée par Macklemore, Brad Pitt, Ryan Gosling ou David Beckham, la coupe est devenue un réel phénomène culturel déraciné. Jusqu’à sa récupération politique. La sélection naturelle et sexuelle s’occupera désormais de l’éradiquer, comme la barbe.