Peut-on se coiffer comme on veut au bureau ?
Photos AMC
Texte Anthony Vincent
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3 témoins nous racontent comment ils se coiffent pour le job.
Bien que les règles de vie au travail soient de plus en plus flexibles, trois hommes issus de différents domaines nous racontent comment leurs cheveux ont encore une influence sur leur carrière.
Regis, au Ministère des finances
Après Polytechnique puis l’École des Mines, Regis avait la trajectoire parfaite de l’élève modèle, jusqu’à la pointe des cheveux : “Mon premier poste était Chargé de mission sur les financements des exportations au Ministère des finances. J’avais clairement les cheveux plus courts et mieux peignés qu’aujourd’hui”, nous raconte le fondateur du concept store L’Exception qui porte désormais les cheveux mi-longs. “La finance fait partie des milieux où les cheveux ne rigolent pas…
Il poursuit : "Maintenant, je suis plus libre et c’est parfois n’importe quoi.” Lui qui se déplace principalement en scooter avoue débarquer au travail plus souvent hirsute que bien coiffé, comme il l’évoquait dans sa routine. Mais les codes capillaires de la finance peuvent vite le rattraper, encore aujourd’hui : “Si j’ai un rendez-vous important notamment avec un fonds d’investissement, je fais attention de passer chez le coiffeur avant pour faire plus sérieux.”
Pierre, dans le marché de l’art
Pierre, catalogueur pour une importante maison de vente aux enchères, porte fièrement les cheveux longs, et l’affiche avec autodérision en bio Instagram : “Mes cheveux sont mon capital beauté (y compris celui sur ma langue).” Il faut dire que leur longueur a longtemps été entravée pour des questions professionnelles : “J’ai toujours voulu me laisser pousser les cheveux mais c’est vrai que les circonstances ont fait qu’il arrivait toujours un moment – pour des oraux de jury, pour des entretiens – où je les coupais parce que je n’avais pas une longueur suffisante pour les attacher ou avoir une coupe à peu près correcte.” Ainsi, les cheveux longs seraient quand même mieux tolérés lorsqu’ils sont attachés.
“J’ai été embauché il y a deux ans et je les laisse pousser depuis un peu plus d’un an maintenant, j’avais un peu peur des réflexions vu que je travaille dans un milieu très conditionné et assez strict d’un point de vue apparence, particulièrement pour les hommes”, estime celui qui doit travailler en costume et chaussures de ville, comme il nous l’expliquait dans sa routine. “Mais finalement je n’en ai eu aucune, même dans les périodes où j’avais une coupe un peu compliquée et où je ne pouvais rien faire de mes cheveux", se réjouit-il aujourd'hui, avant de conclure : "Maintenant je commence à avoir une longueur assez cool, je peux les attacher depuis quelques semaines. Même détachés ils n’ont pas une longueur gênante. Je ne sais pas si je vais les garder longs très longtemps mais je suis content d’avoir essayé.”
Xavier, avocat
Xavier, avocat en fusions / acquisitions confirme l’existence de règles tacites en matière de pilosité dans son milieu, mais aussi leur relâchement. Il nous racontait ainsi dans sa routine : “Il y a des codes à respecter oui. Longtemps, par exemple, la barbe a été mal vue. Quand j’étais jeune avocat, on était pas beaucoup à porter la barbe ! Aujourd’hui, c’est devenu la norme chez les juniors. Les clients aussi suivent cette mode, qui touche jusqu’aux équipes de fonds d’investissement !”
Globalement, les hommes peuvent davantage expérimenter en matière capillaire, sans que cela n’entrave leur carrière. Avoir de beaux cheveux peut même permettre de mieux correspondre à son environnement professionnel, comme nous le glisse le médecin esthétique Antoni Calmon : “Un jour, j’ai eu pour patient un homme du marketing d’une grande boîte de cosmétiques. Il était en charge d’un produit anti-chute alors qu’il perdait lui-même énormément ses cheveux. Comme il vivait mal ce paradoxe, soit il rasait tout, soit il faisait des implants capillaires. Eh bien, il a fait des implants." De quoi le rendre plus en adéquation avec son produit.