Issaka Bance, directeur artistique et chorégraphe, parle routine de soins, masculinité toxique et méditation Issaka Bance, directeur artistique et chorégraphe, parle routine de soins, masculinité toxique et méditation

Issaka Bance, directeur artistique et chorégraphe, parle routine de soins, masculinité toxique et méditation

Entretiens

Photos I.B.

Texte Paul-Arthur Jean-Marie

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BIEN DANS SA PEAU. Au beau milieu d’une semaine agitée pour lui, on a pu échanger avec Issaka Bance, parisien aux multiples casquettes.

Issaka est ce que les Anglo-saxons appellent un “multi-hyphenate”. Comprenez quelqu’un qui a plusieurs cordes à son arc. Un “couteau suisse” comme il se qualifie lui-même qui cumule plusieurs activités professionnelles. Les siennes ? Visuel merchandiser pour Adidas, directeur artistique, styliste et chorégraphe. Il est de ceux qui ne s’arrêtent jamais, motivé et boosté par la passion pour les univers créatifs qui l’anime. Quand on l’a choppé pour discuter avec lui quelques semaines avant la fin de l’année 2020, c’est un moment de répit pour lui, entre les répétitions et la mise en scène de la performance de Wejdene, jeune chanteuse phénomène du moment, pour les NRJ Music Awards. Rencontre avec un jeune homme qui a appris à s’accepter tel qu’il est, au dépend de toute opinion extérieure.

C’est un gros morceau de s’occuper d’une prestation pour les NRJ Music Awards, surtout dans cette période perturbée de crise sanitaire. Comment fais-tu pour gérer le stress et la pression ?

Il y a deux choses que je fais. Je parle beaucoup à mes proches, je leur dis comment je me sens et ça m’aide. Et plus récemment, la méditation. J’ai commencé il y a quelques semaines et ça m’aide à me détendre. J’ai découvert via des influenceuses sur Instagram qui en vantait les bienfaits. Personnellement, le soir avant de me coucher, je m’assieds dans le noir, je mets une musique relaxante et je fais le vide. Je ne pense à rien pendant une demi-heure et je me déconnecte. Ça m’aide à relâcher toute la pression de la journée et je dors mieux.

À quel point est-ce important pour toi de prendre soin de toi ?

Je dois dire que c’est très important. D’abord pour mon bien-être et aussi pour mon apparence. Les milieux dans lesquels j’évolue, la danse et la mode, peuvent parfois être impitoyables. L’image que tu projettes compte beaucoup. Avant même tes compétences, tu peux être juger sur ton apparence. Heureusement, j’ai toujours aimé prendre soin de moi. Ma mère travaille chez Sephora depuis que je suis gamin, je baigne un peu dedans depuis.

Ça passe par quoi prendre soin de toi ?

J’ai une routine de soin à laquelle je me tiens tous les jours, le matin. D’abord, je me nettoie le visage avec le nettoyant visage purifiant. J’utilise ensuite quelques sprays de la lotion tonique et je termine avec l’hydratant visage matifiant. J’ai la peau plutôt grasse alors je fais attention à ne pas trop briller dans la journée. Une fois par semaine, je passe par la case gommage avec l’exfoliant visage et j’applique aussi le masque visage purifiant. Je peux aussi alterner avec la solution gommante de Revolution Skincare. Il y a aussi la pratique du sport. Deux fois par semaine, les classiques abdos et pompes en plus de faire du cardio dans le parc à côté de chez moi. J’essaye également de faire attention à mon alimentation, en mangeant beaucoup, beaucoup plus de légumes.

Est-ce que tu as une botte secrète de soin ?

Oh oui ! Le beurre de karité pur, je tiens ça de ma famille. Le soir en crème de nuit, c’est parfait pour l’hydratation de ma peau.

Et dirais-tu que tu es bien dans ta peau aujourd’hui ?

Oui, très. J’ai déjà eu des complexes comme tout le monde, j’ai déjà eu des moments down mais je suis parvenu à être encore avec l’image que j’ai de moi-même et celle que je véhicule. Par exemple, en regardant ma page Instagram, on peut penser que je suis superficiel (ce sont des retours que j’ai déjà eu). J’ai appris à ne pas faire attention à ce genre de remarques, et je conseille aux gens d’apprendre d’abord à me connaître avant de se faire un avis définitif. Je pense que l’important est de trouver les moyens et les astuces pour se sentir bien et de se soucier d’abord de ce qu’on pense de soi-même avant de faire attention à ce que pense les autres.

En tant qu’homme, tu parles assez librement de soin et de beauté. Contrairement à beaucoup d’autres. Pourquoi selon toi ?

Il y a clairement une pression sociale. Ça part de là. Généralement, à la télévision, quand il est question de soin ou de beauté, on nous montre en priorité des femmes. Comme si les hommes ne pouvaient pas prendre soin d’eux. Les choses changent depuis quelques années, c’est vrai mais il faut continuer à en parler, à “démocratiser”. Prendre soin de soi n’a rien à avoir avec le genre ou l’orientation sexuelle.

Comment as-tu commencé la danse ?

Ça remonte à mon enfance. Ma maîtresse de CE2 a convoqué ma mère en lui disant “votre fils est trop introverti, trop renfermé sur lui-même. Il faut faire quelque chose”. De là, ma mère m’a inscrit au foot, ça n’a pas marché. On a essayé le judo, sans succès non plus et puis, il y a eu la danse. Et j’avais enfin trouvé ce qui me plaisait. Ça a éveillé mon intérêt pour tout ce qui est créatif.

Qu’est-ce qui faisait de toi un petit garçon introverti ?

Je n’allais pas vers les autres. J’étais beaucoup trop timide et je n’osais pas m’exprimer. Clairement, je me sentais différent. Être un petit garçon noir et “effeminé” en France à cet âge-là, c’est compliqué. Dans la cour de récréation, les enfants peuvent être cruels. On s’attend à ce que les petits garçons traînent entre petits garçons, jouent au foot. Je ne me sentais jamais à l’aise. Et quand j’allais vers les filles, c’était un peu un entre-deux, on me pointait du doigt, j’étais trop “efféminé”. Donc, je restais seul pour éviter toutes les remarques.

Être un garçon qui pratique la danse, ça n’a pas dû aider ensuite.

Évidemment, mais pour moi ça a d’abord été la première fois que je me sentais appartenir à un groupe. Un groupe qui m’acceptait. J’ai été sujet à plein de moqueries bien entendu. Quand tu fais de la danse à neuf ans et que tu es un garçon, les gens ne comprennent généralement pas. Il faut faire du foot encore une fois. Surtout, j’ai commencé avec de la danse classique pour avoir toutes les bases. C’est une discipline qu’on associe à la femme. A l’époque, je n’avais bien sûr aucune idée de cette notion, mais tout ça est ancré dans la masculinité toxique. Les garçons doivent être forts et faire des “trucs de garçons”. Ils ne doivent pas être sensibles ou délicats. Alors qu’en soit, on a le droit d’être et de faire ce qu’on veut tout simplement tant qu’on ne fait de mal à personne.

Comment as-tu dealé avec ces moqueries ?

Je me mettais des œillères. Contrairement à d’autres, j’ai eu la chance d’avoir une famille qui m’a accompagné. Ma mère me comprenait. Mes envies n’ont jamais été un frein dans l’amour qu’elle me portait. Donc je me disais, à partir du moment où ma famille me soutient, le reste m’importe peu.

Et d’où est venu ton intérêt pour la mode ?

Au début de l’ère des réseaux sociaux et des blogs. Des premières années de Facebook. En suivant des sites et certains profils, j’ai découvert un univers dont je n’avais aucune idée, les coulisses de la mode. Les séries de photo de mode, les stylistes qui les mettaient en place. Ça m’a tout de suite captivé et j’ai voulu y participer. Grâce aux bonnes rencontres, j’ai commencé à faire du stylisme, à assister sur des shootings. Un peu comme à mes débuts dans la chorégraphie en tombant sur les bonnes personnes sur mon parcours. Ensuite, j’ai vu que la mode et la danse, ça se marie plutôt bien au final : aujourd’hui dans mon travail, j’essaye de créer des univers. En fait, les univers créatifs m’apportent tellement. Ce sont des activités de passion. Ça me procure une énergie, une vibe. Il n’y a pas de routine, ça me serait insupportable.

Tout ça semble quand même très prenant.

Oui mais pour l’instant, j’y trouve mon équilibre. Ça demande beaucoup d’organisation et de sacrifices de jongler entre toutes mes activités. Je sacrifie ma vie perso, familiale et sociale parce que je travaille. Ce n’est pas toujours facile surtout quand autour de moi on me le reproche et qu’on pense que je ne suis intéressé que par l’aspect financier. Quand j’aime les choses, j’essaye de les faire bien, et ça inclut forcément beaucoup de travail.

La routine d'Issaka Bance

Nettoyant Visage Purifiant
Lotion Tonique