Dans la routine de Guillaume Gibault Dans la routine de Guillaume Gibault

Dans la routine de Guillaume Gibault

Entretiens

Photos Louis Canadas

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Le fondateur du Slip Français nous parle kite-surf, communication de marque et entrepreneuriat.

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Success story. Deux mots qui reviennent souvent lorsque l’on lit l’un des nombreux articles se penchant sur Guillaume Gibault. Son idée, qui a fait de lui une figure tutélaire des jeunes entrepreneurs français, tient d’ailleurs elle aussi en deux mots. Slip Français. Le nom de la marque de sous-vêtements Made in France qu’il a fondée.

C’est souriant et bien coiffé (l’homme maîtrise l’effet coiffé-décoiffé) qu’il nous a reçu chez lui, dans le 9ème arrondissement de Paris, pour nous parler de son quotidien. Au menu ? L’importance de la déconnexion, son rôle au sein de sa société, le futur du Slip, mais aussi son amour de la boxe.

Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?

Je m’appelle Guillaume Gibault, je vais avoir 32 ans cette année. Je suis Parisien. J’ai fondé en 2011 Le Slip Français, une marque de sous-vêtements et de homewear Made in France.

Le Slip Français, ça a commencé comment ?

Je suis sorti d’HEC en 2009. J’ai passé deux ans chez Bio C’est Bon, période durant laquelle ils sont passés de 4 à 10 magasins. Une fois parti, j’avais vraiment envie de monter ma boîte. Je me suis vite dirigé vers la mode, car cela me semblait être un secteur dans lequel il n’y avait pas forcément besoin de beaucoup de moyens. Très vite, je me suis lancé dans les sous-vêtements.

On lit souvent que tout est parti d’un pari avec un ami.

C’est vrai. Mais au delà de ça, j’avais en tête des marques patrimoniales françaises comme Louis Vuitton, Hermès… J’étais aussi très attaché à l’idée d’Internet, je sentais vraiment que ça allait devenir très important pour les marques. Les sous-vêtements, ça s’expédie facilement car c’est très léger et ça ne s’essaye pas en magasin. On peut tout aussi bien l’acheter sur Internet. Mes amis n'y croyaient pas vraiment, mais j’étais sûr de pouvoir vendre un slip français. J’avais en tête une sorte d’Hermès du slip sur Internet - de la vente en ligne, une image forte, une dimension patrimoniale, Made in France.

Au début, tu faisais tout seul, c’est ça ?

Oui, je suis allé faire produire 600 slips dans une usine en Dordogne que j’ai ramenés dans le coffre d’une voiture de location. Cette période où tu te lances, c’est un bon test pour savoir si tu es prêt à te lancer dans l'entrepreneuriat : ce n’est pas fait pour tout le monde, il faut de la volonté !

Quand as-tu senti que ça pouvait vraiment décoller ?

Très vite en fait. J’ai monté Le Slip Français en 2011 et en 2012, on a fait des détournements d’affiches de la campagne présidentielle - “Le changement de slip c’est maintenant”, par exemple. Ce contenu un peu décalé nous a en fait apporté beaucoup de clients. Ça a décollé très rapidement grâce à ça : je me suis rendu compte qu’en produisant du contenu marrant en lien avec la marque, on pouvait vraiment trouver des clients.


La manière de communiquer du Slip Français est une dimension essentielle à son succès, comment fonctionnez-vous ?

Je pense qu’on est très performants sur le marketing web, mais on hésite pas, aussi, à allouer des budgets à des campagnes télés, de l’affichage dans le métro. Notre objectif, c’est de marquer les gens, d’essayer de se différencier le plus possible dans tout ce que l’on fait. Lorsque l’on lance une campagne d’affichage métro, on la fait rouge, avec un slip énorme. On veut que les gens se souviennent de l’affiche qu’ils ont vue dans le métro, pas juste qu’elle soit une parmi d’autres.

Au quotidien, quelles sont tes principales missions ?

J’ai trois grosses casquettes. La première, c’est la vision : où on va, ce qu’on fait, comment on se démarque des autres. La deuxième, c’est la représentation, à la fois à l’extérieur, c’est à dire toute la communication, à l’intérieur, ce qui consiste en fédérer les employés autour du projet, et envers les investisseurs qui nous épaulent. La dernière, plus opérationnellement, c’est la communication et le marketing. Je suis moins impliqué qu’avant sur la production, la logistique. Aujourd’hui, nous sommes 43, en comptant le personnel en boutiques. Je peux donc déléguer.

Comment s’organise ta journée de travail, avec ces trois casquettes ?

Il n’y a pas de journée de travail classique. J’ai quelques points essentiels, mais ça varie pas mal. Tous les matins, je prends mon premier rendez-vous à 8:30. Je bois mon café au Moulin de la Vierge, juste à côté du bureau. J’essaye de rencontrer beaucoup de gens donc je fais ça au petit-déjeuner et au déjeuner. Je discute beaucoup avec d’autres entrepreneurs. Ensuite, chaque jour, j’ai au moins une réunion avec l’équipe. Sinon, je passe pas mal de temps en dehors du bureau : j’ai beaucoup de rendez-vous, avec des partenaires, des marques avec lesquelles on collabore. Je pense que c’est mon rôle, d’avoir du recul et des idées. Le temps que je passe au bureau, c’est très cadré, je n’y vais pas simplement pour répondre à des mails.

Tu prends du recul pour mieux réfléchir ?

Exactement. Notre bureau est un grand open space, ce n’est pas évident pour se concentrer, d’autant plus que j’y suis très sollicité. Le bureau, c’est surtout pour l’esprit de groupe, car il est important de passer du temps avec les équipes. Je suis rarement au bureau pour travailler seul, je bosse plutôt dans des cafés, en me promenant. Mes meilleures idées me viennent souvent après le sport, d’ailleurs.

Tu pratiques quel sport ?

Je fais de la boxe au Temple Noble Art, c’est à côté du bureau. J’essaye d’en faire 2 à 3 fois par semaine. Le lundi soir, Le Slip Français prend en charge la moitié des dépenses de coach personnel, donc on a un coach qui essaye de nous faire courir aux Tuileries. Enfin, je dis il essaye, mais il y arrive (rires) !

Tu sembles ne pas avoir de difficulté à déconnecter.

Oui, c’est important pour moi. C’est très sain, de déconnecter. C’est sûr que le week-end, le soir, il m’arrive d’être sur mon téléphone, mais c’est plus une mauvaise habitude qu’un réel besoin. Quand tu montes ta société, tu as toujours du retard et tu es toujours plein de travail. C’est comme ça. Il est donc essentiel de se cadrer, de mettre des limites. Je lisais justement une interview de Warren Buffet et il y avait une photo de son agenda. Il a 3 rendez-vous dans une journée, c’est tout. C’est important de trouver un équilibre entre la vie personnelle et le travail.

Tu es aussi très actif sur les réseaux sociaux.

C’est vraiment quelque chose qui m’amuse, Instagram, Twitter… C’est un tel levier de développement pour les jeunes marques que je trouve ça très bien de les pousser à aller dessus, de leur faire de la pub. Instagram est un excellent moyen de communication, je vois pas mal de marques jeunes qui ne l’exploitent pas autant qu’elles le pourraient. C’est aussi un très bon moyen de veille. De manière générale, j’aime beaucoup raconter des histoires - s’il y a une plateforme efficace pour le faire, je m’y adonne avec plaisir.

Ta journée de travail commence à 8:30, mais à quelle heure te réveilles-tu ?

Vers 7:30, 8:00. Je ne suis pas vraiment du matin, donc j’essaye de limiter au maximum le temps entre mon réveil et mon départ pour le bureau. Je ne prends pas vraiment de petit-déjeuner, juste un café allongé. Je me rase une fois par semaine, plutôt le dimanche soir. Le matin, comme ça, je saute directement dans la douche. J’utilise le nettoyant et l’hydratant Horace, un peu d’huile de barbe que ma copine m’a offerte et que j’adore, je me brosse les dents, puis je mets un Slip Français. Évidemment.

Comment te rends-tu au bureau ?

En scooter. J’ai le mien, mais j’ai récemment testé CityScoot, les scooters en libre-service de la ville de Paris. C’est vraiment très pratique, et écolo en plus. Ça me donne envie de m’acheter un scooter électrique, même si je me demande comment on le recharge.

Tu voyages beaucoup pour ton travail ?

Je voyageais beaucoup pour l’export avant, un peu moins aujourd’hui. Au moins une fois par mois, cela dit, je me rends à des conférences, je prépare nos ouvertures de boutiques. Cette année, nous allons ouvrir 4 boutiques, à Bordeaux, Aix-en-Provence, Toulouse et Lyon.

Comment occupes-tu ton temps, lorsque tu ne travailles pas ?

Nous sortons pas mal, pour tester de nouveaux restaurants, voir des amis, évidemment. Pas mal d’expositions, de cinéma aussi. J’aime beaucoup lire. Je suis fan de Romain Gary, de Joseph Kessel, d’Albert Camus. Je fais aussi du kite-surf avec une association d’entrepreneurs qui s’appelle le Galion. On parle entrepreneuriat, mais on prend aussi des vacances.

C’est quoi, le futur du Slip Français ?

Grandir toujours, puisqu’on a une volonté de doubler notre chiffre d’affaires tous les ans. On espère bientôt arriver à la rentabilité. Notre objectif, c’est de continuer à installer la marque en France, où on réalise aujourd’hui 90% de notre chiffre d’affaires. C’est dans cet objectif que s’inscrit le lancement de notre ligne femmes, il y a 15 jours. Ensuite, nous nous attellerons au développement à l’étranger !

Photos : Louis Canadas


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