Les smoothies sont-ils si bons pour vous ?

Si l’on multiplie le nombre de bars à jus qui ont ouvert ces dernières années par le nombre de références que proposent les rayons smoothie de nos supermarchés, on obtient très probablement un nombre qui flirte avec l’infini.

Cette situation prend certainement sa source dans le sillage de la fameuse injonction de santé publique « Mangez 5 fruits et légumes par jour », issue d’une campagne nutrition-santé lancée par le gouvernement en 2007. Entre temps, une bonne dose d’opportunisme marketing est passée par là. Certains, aujourd’hui, consommeraient des smoothies en lieu et place d’un petit déjeuner ou même d’un déjeuner. Une fausse bonne idée ? Pour trancher cette douloureuse question, nous avons demandé son avis à John Martins, coach sportif, notamment chez Dynamo, et spécialiste en nutrition.

À l’encontre des lois de la nature

“Dans un smoothie, en principe, il n’y a que de bons ingrédients, des fruits broyés pour les ingérer plus facilement, c’est frais et agréable”, nous explique John. Que du bon, donc ? Pas vraiment. En fait, les broyer a deux conséquences : d’abord, le blender ou la centrifugeuse a besoin de tourner vite pour être efficace, ce qui produit de la chaleur. Au-delà de 42 degrés, les premières vitamines et nutriments sont éliminés. Ensuite, la nature fait bien les choses : lorsque l’on mange une pomme, son croquant oblige à mâcher pour détacher lentement les fibres des molécules de sucre et échelonner le passage du sucre dans le sang.

Un smoothie, donc, irait à l’encontre de cette loi naturelle basique. “Du coup, le sucre file directement dans le sang, ce qui peut créer une hyperglycémie qui peut provoquer une hypoglycémie juste derrière”. Autre effet indésirable de ce pic de glycémie ? Le sucre se baladant en trop grande quantité dans le sang va être stocké par le corps et se transformer en graisses. “Souvent, cela donne une petite bouée autour du ventre”, dénonce John. Certes, l’été approche, mais vous savez en principe nager.

Un faux ami

L’effet pervers des smoothies réside dans le décalage entre la perception que l’on en a – une boisson saine et pleine de vitamines – et ses apports réels – faiblards, à part en sucre, et encore, trop et trop vite. Lorsque l’on boit un coca ou qu’on avale un burger triple cheddar, on sait évidemment que l’on fait une erreur. Le smoothie, lui, présente de sérieux airs de boisson saine et décroche à ce titre la palme du breuvage traître. Le fourbe.

Les smoothies industriels, par ailleurs, ne risquent pas de changer cette équation. « C’est le pire, tranche John, car ils subissent une pasteurisation éclair autour de 100°C, et au moins les 3/4 des minéraux et vitamines ne sont plus là - en plus, difficile de savoir ce qu’ils y ont ajouté ».

Seuls les jus pressés à froid, pour lesquels les fruits sont pressés, plutôt que broyés, peuvent vraiment se targuer d’être complètement bons pour vous. La technique permet de garder deux fois plus de nutriments qu’un jus passé à la centrifugeuse, par exemple. Un coup de jus plus sain, donc.

Un intérêt tout de même certain

Pour autant, inutile de prendre d’ores et déjà rendez-vous avec les encombrants pour vous débarrasser de votre blender ou d’incendier les community managers des bars à jus de votre ville. Parce que l’intérêt du smoothie est ailleurs. « Psychologiquement, le smoothie en été, c’est génial. C’est bon et frais, et il ne faut pas se frustrer en le rayant définitivement de la carte.” Selon John, il est indispensable de le consommer en conscience, et de trouver un équilibre. “Il faut le voir un peu comme un passage au fast food après une nuit agitée - ce n’est pas idéal en termes d’apport énergétique, mais une fois de temps en temps c’est tellement bon !”.

L’homme nous confie tout de même une astuce : “dans un verre, mélangez le smoothie avec une moitié de glaçons ou d’eau bien fraîche - ça permet de le boire moins sucré sans perdre le coté agréable pour autant”. Une solution simple pour rendre le smoothie plus acceptable.