La question de la semaine : Faut-il ne changer ses draps qu'avant de conclure ?
Photos Patterson / Amazon Studios
Texte Pierre d'Almeida
Partager l'article sur
Si vous pensiez encore pouvoir repousser de quelques jours l’épreuve redoutée du changement de housse de couette, on a une mauvaise nouvelle à vous annoncer.
Ça y est, c’est le grand jour : après des semaines de dating timide en extérieur (histoire de respecter les recommandations gouvernementales mais aussi et surtout les limites de chacun.e), votre spidey-sense vous dit que ce soir, après les trois verres au cours desquels vous ferez semblant de ne pas avoir terriblement envie de sauter l’un sur l’autre, vous ramènerez à la maison non pas la coupe mais bien votre date, avec qui vous partagerez un lit pour la première fois.
Vous avez pensé au lit ?
Parce que vous êtes prévoyant, pour ne pas dire présomptueux, la vaisselle est faite et rangée, les quelques moutons de poussière récalcitrants ont été soigneusement aspirés, et les serviettes suspendues dans la salle de bain sont propres et pliées. Mais le lit, quid du lit ? Après tout, vous avez déjà changé les draps il y a trois jours, vous n’êtes en général pas sujet à d’intenses crises de sudation nocturne et Kiki, le petit teckel que vous avez adopté au 42ème jour du premier confinement, a désormais bien compris qu’il n’avait pas le droit de poser ne serait-ce qu’une griffe, si mignonne soit-elle, sur votre parure de lit en lin lavé La Redoute. Faudrait-il quand même procéder au grand chambardement du linge de maison, sous prétexte que vous ne pioncerez pas seul ce soir ? En un mot comme en cent : oui. Comme le rappelle Dr Manal Mohammed, chercheuse en microbiologie médicale à l’Université de Westminster dans un article paru le 16 juillet 2021 sur le site d’information The Conversation, « votre lit n’est pas si différent que ça d’une boîte de Pétri. Le mélange de transpiration, de salive, de pellicules, de cellules mortes et même de particules de nourriture en font l’environnement optimal pour le développement de bactéries, de champignons, de virus et même de minuscules insectes. »
Un nid à bactéries
ll faut dire qu’en plus des 500 millions de cellules dont votre peau se débarrasse chaque jour sans que ne vous ne puissiez vraiment vous en rendre compte (sauf peut-être si vous perdez vos cheveux par poignées), certaines espèces microscopiques telles que les staphylocoques dorés, les bactéries E. coli ou encore les champignons Candida albicans sont d’après la chercheuse capables de survivre plusieurs heures (et pour certaines plusieurs semaines) sur des tissus non-lavés, et aisément se déplacer de votre torchon humide jusqu’à votre oreiller si vous n’êtes pas vigilant. Surtout, les bactéries accumulées ont de bonnes chances de boucher vos pores et d’être ainsi la porte ouverte aux irritations, aux boutons, et aux impuretés sur votre visage et votre corps.
La bonne formule
Que faire, alors, pour éviter de vivre dans la terreur sans pour autant faire exploser sa facture d’eau ou choper des crampes à force de réinstaller un drap-housse toutes les huit heures ? « ll est recommandé de laver son linge de lit chaque semaine (ou plus si possible) – particulièrement si vous passez beaucoup de temps au lit, si vous dormez nu, ou si vous suez beaucoup la nuit. Il est aussi recommandé de changer ses taies d’oreiller tous les deux à trois jours, explique Dr Mohammed. Tout le linge de maison doit être lavé à haute température (entre 40 et 60 degrés) afin de tuer les bactéries. Il faut également éviter de surcharger les machines, utiliser suffisamment de détergent, et s’assurer que les draps sont complètement secs avant de les utiliser. » Enfin, histoire d’enfin régler l’éternelle querelle entre partisans de la douche matinale et fervents défenseurs de la douche du soir : la chercheuse suggère d’aller se laver avant de tomber dans les bras de Morphée (en plus d’enlever son maquillage, ses chaussettes, et de ne pas manger au lit). L’utilisation d’un Nettoyant visage purifiantest vivement conseillée pour débarrasser la peau des impuretés.
Une série de recommandations pas nécessairement inaccessibles, mais qui rendent d'autant plus inquiétantes les résultats d’une enquête menée en mai 2021 par le site de comparaison de matelas Mattress Advisor auprès d’un échantillon de 1000 Américains. Interrogés sur la fréquence à laquelle elles s’adonnaient au lavage de leurs parures de lit, les personnes sondées répondaient en moyenne changer leurs draps au bout de 24,4 jours, et leurs taies d’oreillers au bout de 24,6 jours, 35,3 jours étant la limite au-delà de laquelle elles considéraient la situation comme franchement dégoûtante. Et si les femmes avaient globalement tendance à les changer plus régulièrement, c’était bel et bien les hommes qui étaient plus enclins à les laver en prévision d’un date, qu’ils aient ou non la certitude de pécho au bout de la nuit. Alors, on passe à la machine ?