John Travolta : comment il a accepté sa chute de cheveux et a assumé sa calvitie
Texte Clément Laré
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Alors qu’il était un abonné des perruques pour hommes pendant de nombreuses années, John Travolta a décidé d’assumer son crâne rasé du jour au lendemain. Un geste fort et surprenant pour l’acteur hollywoodien dont la chevelure faisait partie intégrante du personnage. Derrière, c’est toute la symbolique des cheveux chez les hommes qui interroge.
Nous sommes en janvier 2019 lorsque, prenant par surprise le monde, John Travolta, dévoile sur Instagram le cliché de son crâne nouvellement rasé à blanc. Si le geste est en lui-même radical, il fait l’effet d’un choc parmi les fans, les commentateurs et commentatrices people. De tous les acteurs à pouvoir succomber à l’appel du rasoir, John Travolta semblait au bas de la liste. Pendant des années, la star avait pris soin de cacher toute trace de perte de cheveux sous des perruques et autres toupets. “C’était un peu un secret de polichinelle”, confirme Thomas Desroches, journaliste spécialisé dans le cinéma. “Pas forcément dans les films parce qu'il y a un soin apporté, mais principalement durant les événements, comme les Oscars ou les avant-premières.” Entre traces de colle et postiches peu naturels, John Travolta était loin d’accepter sa calvitie.
Perdre ses cheveux : une angoisse masculine
Qui peut vraiment le blâmer ? La perte des cheveux reste un sujet tabou et génère des complexes. D’après un sondage de l’agence YouGov de novembre 2020, 59% des hommes américains de 18-24 ans interrogés se déclarent “terrifiés” à l’idée de devenir chauves. Et la crainte ne date pas d’hier. En 4000 avant JC, les égyptiens frottaient sur le crâne un mélange de dattes, de pattes de chien et de sabots d'âne cuits dans l’huile comme remède contre la perte de cheveux. Dans la Bible, c’est le personnage de Samson qui perd sa force quand on le rase. De quoi former tout un imaginaire. Comme l’explique Ronald Hess dans son texte “Perception sociale de la calvitie masculine”, “alors que la notion d’une tête recouverte de cheveux est un symbole de jeunesse et de virilité, un crâne chauve est en général vu comme le symbole de l’âge ainsi que de la mort et perte des prouesses sexuelles.”
La chevelure de Travolta, partie intégrante de son personnage
Quoi de pire à Hollywood que de prendre de l’âge et de perdre son sex-appeal ? D’autant que dans le cas Travolta, la chevelure a joué un rôle important dans sa carrière. “La calvitie est déjà très taboue chez les hommes, alors pour une star de cinéma, d'autant plus. Surtout quand tu t'appelles John Travolta et que tu as été connu pour ta coiffure dans Grease”, explique Thomas Desroches. Sa banane noire de jais n’est pas seulement entrée au panthéon du cinéma mais a aussi, à jamais, permis à Travolta l’accès au statut d’acteur sexy d’Hollywood. Malgré une filmographie chargée et remplie de succès, il le sait, l’image de Danny Zuko lui colle et lui collera toujours à la peau. “Finalement il y a peu d'acteurs avec des coupes de cheveux connues comme celle-ci”, admet le journaliste.
Chauves et célèbres à Hollywood
Mais l’industrie du cinéma n’est pourtant pas exempte d’acteurs chauves. On dénombre des crânes rasés qui ne semblent pas avoir été affectés dans leur virilité… au contraire ! A Hollywood, ils ont tendance à jouer les gros bras dans des films d’action. Un moyen de faire oublier l’absence de crinière ? “J’ai l’impression que tous les acteurs qui ont voulu embrasser le côté chauve, sont aussi ceux qui sont des gros musclors”, analyse Aurélia Baranes, créatrice du site Seriously. “Bruce Willis, il a ce côté baraque, Jason Statham. Même Channing Tatum, Vin Diesel, Dwayne Johnson… ils sont hyper musclés. C’est comme s’ils avaient quelque chose pour compenser le manque de cheveux.” C’est d’ailleurs nul autre qu’une figure du showbiz qui porte fièrement tous les attributs stéréotypés de la masculinité, le chanteur Pitbull, qui a convaincu son ami Travolta de sauter le pas.
John Travolta libéré ?
On retrouve cette vision du chauve dans un ensemble de trois études américaines menées en 2012 par Albert E. Manne. Elles montrent comment ces derniers sont perçus dans la société comme plus dominants que leurs comparses chevelus et paraissent même plus grands et forts sans cheveux qu’avec. S’il convient d’interroger cette image de la masculinité, reste que cela peut rassurer les hommes qui vivent la perte de cheveux douloureusement. John Travolta semble en tout cas trouver son bonheur. Quelques semaines après sa coupe, l’acteur expliquait au magazine People : “Puisque tout le monde l’aime tant, j’ai décidé de garder (cette coupe) pour un moment”. Depuis, pas la trace d’un cheveu sur son crâne. On est loin de l’époque où l’acteur ne sortait jamais sans perruque. Face à la vague d’approbation suscitée par sa nouvelle coupe, l’icône a adapté la solution qui fonctionne pour lui : assumer.