Dans la routine de Dosseh Dans la routine de Dosseh

Dans la routine de Dosseh

Entretiens

Photos Sébastien Filosa

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Le rappeur parle barbe teinte, Game of Thrones et rasage du crâne en tournée.

“Infréquentable”, Dosseh ? Difficile à croire. L’homme qui vient à notre rencontre dans le couloir de l’hôtel Pigalle est souriant et affable. De passage à Paris alors que se prépare la sortie de sa mixtape Summer Crack Vol. 4, le rappeur orléanais, bas de survêtement Givenchy assorti au polo Comme des Garçons, prend le temps de se raconter. Au menu ? Barbe teinte, Game of Thrones et rasage du crâne en tournée.

Bonjour Dosseh. Est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Dosseh, j’ai 34 ans. Je suis originaire d’Orléans et je suis rappeur. Je vis plus ou moins entre Paris et Orléans, même si je suis plus souvent à Paris ces derniers temps.

Paris, c’est l’endroit où tu travailles, c’est ça ?

Oui. Tout se passe ici. Les studios, les rendez-vous… Ces dernières semaines, j’ai beaucoup été en studio car j’ai une mixtape qui sort bientôt. On est en plein mix en ce moment, mais ça touche à sa fin. Ce sera le volume 4 d’une série de mixtapes que je sors en été, tous les 2 ou 3 ans. Le dernier volume était sorti en 2015, et je trouvais ça sympa de revenir avec ça. Le moment était bien choisi : je ressors ce truc-là après le succès de Vidalo$$a et les gros singles comme “Habitué” ou “À chaque jour”. J’ai eu une exposition autre ces derniers temps, j’ai une notoriété nouvelle et c’est bien pour la “marque” Summer Crack.

En parlant de notoriété nouvelle, on a l’impression d’entendre souvent parler de toi depuis quelques temps. C’était quoi, selon toi, le déclic ? “Habitué” ?

Oui, je pense. Sur tous les albums, il y a un, ou des, titres porteurs. En l’occurrence, là, ça a été “Habitué”. Il y a clairement un avant et un après ce morceau, et donc après cet album.

Aujourd’hui, et encore plus avec les festivals qui approchent, tu tournes pas mal. À quelle fréquence es-tu sur la route ?

Une fois par semaine à peu près, en moyenne. Ça fait partie du taff, il n’y a pas le choix. On le fait et puis c’est tout. Les dates s’enchaînent parfois, mais souvent, on rentre entre les deux. Tout est une question d’organisation avec tes autres tâches.

Comment s’organisent tes journées ?

Je me couche assez tard, vers 4:00 du matin souvent. Mon oeil s’ouvre sur les coups de 10:00, 10:30. Je me prépare, puis je suis sur pied sur les coups de midi. Soit j’ai studio, donc j’y vais, soit je retrouve Oumar (Samaké, son manager, ndlr) et les autres au bureau, à Vanves. Si j’y vais, c’est pour échanger, que ce soit au sujet des prochains clips ou du marketing en général. Dans la vie d’artiste, il y a plein de choses qui tournent autour de la musique et de la création artistique, comme les interviews, les tournages, la promo… Et l’écriture, évidemment. Il n’y a pas de réelle routine, sauf quand on est en période d’enregistrement. C’est le moment où il y a quasiment tous les jours des sessions en studio. Ce n’est pas un 9:00 - 17:00 où tu répètes tout le temps les mêmes actions. On essaye toujours d’améliorer nos manières de penser les projets, de travailler. C’est une remise en question permanente.

Quand on est artiste, l’image c’est très important. Tu fais très attention à la manière dont tu t’habilles ?

Oui, c’est très important. Il faut faire attention. J’aime les beaux habits, c’est important pour moi. En tant qu’artiste, tu te dois d’avoir une image propre. J’ai pas vraiment d’astuce, mais j’essaye de me faire tailler la barbe le plus fréquemment possible.

Tu y vas à quelle fréquence ?

Pour que ce ne soit pas trop le bordel, j’essaye d’y aller deux fois par semaine. Quand je me laisse un peu aller, c’est plutôt une fois par semaine, voire tous les dix jours. Je ne le fais pas moi-même car je ne sais pas bien tailler ma barbe. Je préfère aller chez mon barber, ou le faire venir où je suis. En général, quand je vais chez le barber, j’en profite pour faire le crâne aussi car il a le matos pour faire ça bien à blanc - il me prépare le crâne, prépare la peau, et puis il fait ça à la lame. Un vrai oeuf. Parfois, je le fais moi-même : c’est moins précis, mais ça marche bien à la tondeuse aussi.

C’est qui, ton barber ?

Je ne connais même pas le nom du salon. C’est mon barber, c’est tout. Soit je vais chez lui, soit il vient chez moi ou au studio. On se fait coiffer partout : avant de monter sur scène, au studio, sur un tournage de clip… Il se déplace, il fait ça propre.

Tu as souvent eu la barbe teinte. Tu en prenais particulièrement soin à ce moment-là ?

Oui, barbe teinte ou pas, j’entretiens ma barbe. De base, j’ai le poil très sec, assez rêche. Il faut donc que je mette toutes sortes d’huile pour l’hydrater. C’est obligatoire. La teinture, ça assèche encore plus le poil, donc il fallait vraiment être carré pour ça. J’aime l’huile de ricin et l’huile de castor (l'huile de ricin est appelée "castor oil" en anglais, il s'agit donc du même ingrédient, ndlr). L’huile de coco, je l’utilise pour la peau, pas pour la barbe. J’ai pas de problème de peau, donc c’est surtout pour la barbe qu’il faut que je fasse gaffe.

En étant aussi souvent à l’hôtel, comment tu fais pour prendre soin de toi sur la route ?

J’amène toujours ma trousse de toilette. Il y a tout ce qu’il faut dedans. Ma tondeuse, au cas où j’ai une sombre repousse que je dois éliminer tout de suite, mes huiles pour la barbe, mes crèmes pour le corps… Peu importe ce qu’il se passe, je suis paré à toute éventualité.

Autour de la vie d’artiste, tu dois aussi gérer ton image, ta communauté… Ça te prend beaucoup de temps ?

Oui. Déjà, il faut gérer son artistique. Ça prend évidemment du temps, il faut se prendre la tête : le choix des prods, l’écriture, discuter avec des beatmakers pour leur donner un brief… Ensuite, il y a la partie studio qui, si tu veux faire ça bien, prend également du temps. En même temps, tu dois être actif sur les réseaux. Faut pas laisser tes réseaux dormir, sinon les gens t’oublient. Heureusement qu’on a des équipes, pour nous aider à trouver des nouveaux concepts, provoquer l’intérêt des gens, créer une attente sur un projet ou sur toi. À ça, tu ajoutes les séances photo, interviews, les concerts… Ça fait pas mal de choses à gérer, c’est vrai.

Tu arrives, malgré tout, à couper pendant 1 semaine, à prendre du temps pour toi ?

Pendant une semaine, non, ça n’arrive jamais. Cet été, je compte bien prendre 1 semaine ou 10 jours de break total, et débrancher. On ne peut pas vraiment se permettre de prendre des longues vacances. Au maximum, tu prends 4 jours, mais tu restes branché. Ça n’empêche pas de passer 45 minutes au téléphone à 2:00 du matin. Je suis constamment au téléphone, constamment en train d’envoyer des messages, pour checker si tout se passe bien. Il faut prendre plein de micro-décisions, tout le temps.

Tu me disais te coucher tard. Tu bosses la nuit, aussi ?

Évidemment. Mais il faut que je vive aussi, donc tout ce que je n'ai pas eu le temps de faire dans la journée car je travaillais, je le fais la nuit. Je mate des séries, je me pose, j’écoute du son, je m’inspire. Si t’as tout le temps la tête dans le boulot, c’est pas vivable. Regarder un épisode d’une série, ça peut t’inspirer une punchline. Pendant l’enregistrement de Summer Crack, je regardais Gomorra. Du coup, il y a deux ou trois phases pas mal qui m’ont été inspirées par la série. Tout m’inspire, tu vois ? Parfois, je discute avec quelqu’un, il sort une phrase qui m’interpelle, je la note. Je note tout dans mon téléphone. Si quelqu’un me le vole, il est refait en punchlines jusqu’à l’année prochaine. Récemment, je regardais Game of Thrones. C’est plein de punchlines que tu peux adapter en mode contemporain. Quand j’ai découvert la série, j’ai appelé Oumar en mode “faut qu’on sorte un projet qui s’appelle Game of Thrones”. Bon, ça m’est passé, ça…

Tu baignes dans le rap depuis petit, mais tu as aussi fait du cinéma. Comment tu vois l’avenir ?

Je kiffe le cinéma, j’ai toujours aimé ça. Dernièrement, j’ai tourné dans le film Paradise Beach. C’est une expérience que j’ai kiffée, et que j’aimerais réitérer. J’écris un petit peu de mon côté, des scénarios, des histoires. Ça fait partie de mes grands objectifs, des choses prioritaires : pour moi, si tu veux faire les choses bien, il faut les faire à fond. Tu peux pas faire les choses à moitié ou au quart. Faut que tu te concentres sur un truc. J’ai toujours aimé faire plein de trucs, mais ça a pu me faire perdre un peu de temps sur certaines choses. Je me recentre sur mon rap depuis quelques temps. Quand j’aurai bien installé ça, on pourra parler.

Merci à l'Hôtel Pigalle !

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