Marc Briant Terlet, cofondateur d'Horace, et Caroline Dumur se retrouvent pour discuter de comment ils ont créé Oud Rose ensemble.
Oud Rose a été lancé le 9 octobre 2024, 5 ans après le premier parfum de Horace, &Horace. &Horace évoquait un t-shirt blanc, une pièce que l'on peut porter de manière formelle ou informelle, toujours facile à porter. Lorsque Marc a pensé à Oud Rose, l'idée était de prendre une direction totalement différente. Et tout a commencé avec une rose.
Marc Briant Terlet : Bonjour Caroline.
Caroline Dumur : Bonjour Marc. Contente d'être ici.
Marc : L'idée aujourd'hui, c’est qu'on parle d'Oud Rose. Quand on l'explique à des personnes en disant que l'idée de ce parfum, c'est un parfum qui est comme porter un smoking léopard un soir à l'opéra, tout le monde le comprend directement.
Caroline : Moi, j'ai été très inspirée par le costume léopard à l'opéra. J'imaginais bien cet homme marcher dans l'opéra avec un parfum très opulent, très sensuel aussi.
Marc : Lorsque tu le sens, tu sens le côté habillé, tu sens le côté très traditionnel dans le côté smoking, et en même temps envie d'aller chercher quelque chose d'étonnant.
Caroline : Oui, il y a un côté, oui, très sensuel et très chic, et en même temps, un peu décalé.
Marc : Si tu mets un smoking léopard, c'est qu'on a envie qu'on te regarde. Et l’équilibre est génial. J'avais vraiment cette idée d'une rose parce que c'est une fleur que je trouve hyper belle et pas toujours utilisée en central dans un parfum pour hommes en plus. Et en fait, on est parti de ça en disant, ça va faire un brief. On te l'a envoyé !
Caroline : Et l'idée de la rose, c'est une jolie idée parce qu'il y a ce côté à la fois très classique. C'était de venir un peu la chahuter, travailler cette rose d'une façon assez marquée.
Marc : Quand on a senti cette première version que tu avais faite, on s’est dit en fait, ok, c'est sûr, c'est cette note de rose qu’on veut.
Caroline : Elle était habillée de géranium, quelque chose de plus frais et qui est aussi plus aromatique, un peu plus masculin. Cette rose, il y avait des notes aussi assez fruitées. J'ai travaillé avec du bourgeon de cassis pour lui donner quelque chose de coloré, assez rouge parce qu'il y avait quelque chose de visuel dans cette idée du léopard. Et je voulais que la rose soit assez intense en termes de couleurs. Et ensuite, venir la facetter avec un romarin, beaucoup de fraîcheur en départ, presque un peu plus de vibration et qui se marie très bien avec le bourgeon de cassis aussi.
Marc : Et je me souviens que le retour qu'on avait fait, c'était : l'opéra, c'est très boisé, t'as un truc sombre, le côté smoking léopard, t'as aussi un truc un peu animal.
Caroline : On avait ce côté boisé déjà présent dans la note, mais plutôt crémeux avec des notes de santal. Et l'idée, en fait, pour ramener plus d'animalité au parfum, on est venu travailler cette idée du cypriol avec un accord oud aussi pour vraiment lui donner plus d'intensité, de sensualité, de présence et des bois aussi assez vibrants. Il y a quelque chose de très classique, mais ça donne énormément de puissance à un parfum, beaucoup de sensualité et de présence en fait. Et je pense que l'idée de présence était importante.
Marc : Le départ de Oud Rose est hyper frais, presque étonnant, qui te surprend !
Caroline : Les notes s'emboîtent, en fait, entre elles. C'est comme un puzzle avec plusieurs dimensions. C'est-à-dire que même les notes de fond, on va les sentir en départ. Et c'est ça qui est intéressant. C'est de pouvoir jouer avec ces notes boisées qui vont donner plus de vibrations et qu'on va sentir dès la tête, mais sans que ça couvre trop la partie rose, cassis.
Marc : Comment tu fais ça ?
Caroline : En parfumerie, tout est une question d'équilibre. Alors, il faut qu'il y ait des choses qui dépassent pour arriver à quelque chose de beau.
Marc : C'est aussi ces choses qui dépassent qui vont te marquer, et qui font que tu as l'impression que tu sens quelque chose que tu n’as pas forcément déjà senti parce que, justement, ça dépasse. J’aime bien la lisibilité que ça apporte et l'accessibilité, ce qui fait qu’une personne ne s'y connaissant pas beaucoup en parfum est capable d'identifier la rose. Tout le côté boisé, oud, santal, patchouli est aussi super lisible. Ce parfum est tellement rose qu'on était obligés de le mettre dans le nom. Finalement, ce qu'il résumait le mieux, c'était de ramener à la matière du oud.
Caroline : Pour moi, c’est aussi synonyme de puissance déjà, et de sensualité. Donc il y a quelque chose qui, finalement, résume bien le parfum.
Marc : Le oud par son côté évocateur à la fois d'un bois sombre, en fait, et d'un truc qui est puissant et tout. C'était plus utiliser le mot oud comme un adjectif que comme le nom.
Marc : Merci d'avoir fait Oud Rose.
Caroline : Avec plaisir.
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