Dans la routine d'Alexandre Thomas
Photos Louis Muller
Texte Matthieu Morge-Zucconi
Partager l'article sur
Le directeur en stratégie de marque nous parle montres, chaussures parfaites pour voyager et boxe.
Click here to read it in English.
Idéalement situé sur le bas de la butte Montmartre, l’appartement d’Alexandre Thomas, où il nous accueille avant de se rendre au bureau, est chaleureux et meublé avec un goût certain : on peut y apercevoir à la fois un petit train en bois, propriété de sa fille, un oiseau Eames, une affiche de la tournée américaine 1981 des Rolling Stones et des objets anciens hérités de ses grand-parents.
Alexandre Thomas, 36 ans, est un homme qui peut parler avec passion de beaucoup de choses : de vêtements, d’art, de nourriture (il nous raconte, encore ému, un repas à l’Osteria Francescana de Massimo Bottura, meilleur restaurant du monde), mais aussi de sa vie. Une tasse Babar remplie de café à la main, il nous raconte ses habitudes.
Depuis combien de temps habites-tu dans cet appartement ?
Cela fait environ 3 ans. Mais ça fait beaucoup plus longtemps que je vis à Montmartre, j’ai longtemps habité vers Lamarck-Caulaincourt. Là, nous sommes de l’autre côté. Une semaine sur deux, ma fille de 5 ans est à la maison, ce qui change un peu ma routine.
Que fais-tu dans la vie ?
Je suis directeur associé d’un cabinet qui s’appelle Kantar Added Value. J’y fais du conseil en stratégie de marque. C’est à la fois de la stratégie de marque, c’est à dire de la théorie autour de la notion de marque, de positionnement, et une réflexion autour de la signification culturelle de la marque, son rôle dans la société, ou tout bonnement comment elle peut intéragir avec les consommateurs par le biais de la culture. Parmi nos clients, on compte notamment Levi’s, Ikea, ou Nespresso.
Comment es-tu arrivé à ce métier ?
Mon parcours n’est pas classique. À l’origine, j’ai une formation d’ingénieur dans la thermo-énergétique, c’est à dire à la fois les systèmes de refroidissement et les moteurs de fusée, de bagnole, tout ça. Aussi passionnantes et difficiles que soient les études d’ingénieur, je ne me voyais pas vraiment en faire une carrière, donc au moment de chercher du travail, je me suis dirigé vers le conseil en management et stratégie dans le domaine du retail. Je travaillais beaucoup sur des problématiques d’organisation et de productivité, ce qui était moralement compliqué car on touche à des gens, des emplois. Je me suis donc dirigé progressivement vers autre chose, l’innovation dans le point de vente digital d’abord, puis il y a 5 ans, à peu près au même moment que la naissance de ma fille, j’ai reçu un appel de Kantar Added Value.
Tu as donc rejoint le cabinet où tu es aujourd’hui directeur associé.
Oui. Et je suis content. C’est un métier intellectuellement excitant. Il y a à la fois l’aspect classique de ce travail, conseiller nos clients, mais aussi la gestion du cabinet qui prend de plus en plus de place dans mon quotidien et est aussi très intéressante. L’autre avantage, c’est que je n’ai plus besoin de mettre de costume pour aller travailler.
Tu as remisé au placard ton ancien uniforme ?
À l’époque, j’étais un peu à fond dans le costume ! Disons que c’était lié à l’environnement du conseil, très corporate… J’avais des boutons de manchette, des cravates en grenadine de soie, et je pouvais disserter sur des sujets comme le col italien parfait ou le meilleur noeud de cravate pour l’accompagner. En y repensant, c’était un peu idiot, ce jusqu’au-boutisme. Ceci étant dit, le meilleur noeud de cravate pour un col italien, c’est le four-in-hand parce qu’il est un peu asymétrique et qu’il ne cherche pas à compenser de par sa taille.
Aujourd’hui, tu peux t’habiller plus décontracté ?
Oui, et je m’habille d’ailleurs assez mal. Un jean, un sweat, des baskets ou des boots Crockett and Jones. Rien de fantaisiste et, surtout, plus de boutons de manchette.
Ton seul accessoire, aujourd’hui, c’est la montre, c’est ça ?
Oui, j’adore ça. J’ai une préférence pour les montres anciennes, qui durent. Pour leur solidité, et le côté utilitaire, pratique de l’objet. Je possède par exemple une Rolex 5513, une Omega Speedmaster. Mes montres favorites représentent toutes quelque chose, elle ont une valeur particulière, sentimentale, à mes yeux. Ma plus précieuse, c’est peut-être la montre à gousset de mon grand-père, qu’il avait eue pour sa communion.
Comment s’organise ta matinée ?
C’est différent selon si ma fille est à la maison ou non. Lorsqu’elle est là, je me lève plus tôt, vers 6:30, afin de pouvoir me préparer avant de la réveiller pour aller à l’école. Je suis le genre de personne qui doit sauter sous la douche directement. Je suis assez routinier dans cette phase de ma journée.
Dis-m’en plus.
Déjà, je fais partie de ces gens qui procèdent de haut en bas, car j’ai l’impression que la gravité est importante quand on prend sa douche (rires). Je commence par me laver les cheveux, avec un shampoing pommade D.R Harris, puis je me lave le visage avec le nettoyant Horace. J’utilise ensuite un savon Dr. Bronner ou Aesop, selon mon humeur, pour le reste du corps. En sortant, je mets du déodorant, un déodorant pour femme Dove, un peu poudré, tout doux, et surtout qui ne sent rien à part le propre, puis je me brosse les dents et, lorsque le besoin se fait ressentir je fais un bain de bouche Botot. Ça me rappelle quand mon ami Lionel Benatia embrasse sa femme.
Tu ne mets pas d’hydratant ?
Si ! J’ai commencé récemment, avec l’hydratant Horace, en fait. Les autres ne me convenaient pas vraiment. Mais je trouve le votre top. Un jour, lorsque ma fille m’a dessiné avec de grosses barres sur le front pour représenter mes rides, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. Ce fut une grosse remise en question (rires) !
Je remarque que tu possèdes beaucoup de flacons de parfum différents. Tu changes selon les saisons ?
Oui. En hiver, j’utilise le parfum Monocle et Comme des Garçons Sugi. En été, c’est plutôt Tom Ford, Neroli Portofino, ou Blenheim Bouquet de Penhaligon’s. J’ai aussi un parfum Penhaligon’s au genièvre, qui sent un peu le gin, ce qui est idéal pour les lendemains de fête...
Revenons à l’organisation de ta matinée. Comment la présence de ta fille influe-t-elle là-dessus ?
Lorsque je dois l’emmener à l’école, il y a évidemment plus de contraintes de temps. Avant de la réveiller, je mets France Info sur la télé, ou LCI, ou consulte l’application Quartz, car j’aime bien l’interface SMS. Je la réveille ensuite entre 7:20 et 7:30, et on prend notre petit déjeuner ensemble, on discute de la journée à venir, de l’école… C’est important, d’avoir un moment pour se retrouver tous les deux. J’essaye de regarder mes mails le moins possible. On part ensuite à l’école vers 8:10, pour arriver entre 8:20 et 8:30. Selon le temps que l’on a, on prend un chemin plus agréable, en passant par les jardins du Sacré Coeur.
Tu pars ensuite travailler.
Oui, en métro. J’en ai pour une vingtaine de minutes, c’est le plus rapide. Mon bureau se trouve près des Champs Elysées. J’y arrive vers 9:00. La seule chose qui change si ma fille est là, c’est l’heure du réveil.
Comment s’organise ta journée de travail ?
Je fonctionne par facilité d’exécuter les tâches et par to-do-lists. Les choses simples à faire, je les fais directement : la journée commence souvent par des réponses à des mails. J’aime bien, ensuite, m’accorder de grosses portions de travail sur un seul projet, passer trois heures à faire la même chose. Je fais aussi beaucoup de relations publiques, de prises de parole au nom du cabinet. C’est très varié, ce qui est vraiment bien car je n’ai pas envie d’avoir une journée routinière, fixe. Je finis vers 19:00 si ma fille est à la maison, sinon plus tard. Il m’arrive relativement souvent de rouvrir l’ordinateur après l’avoir couchée vers 20:30...
Tu voyages beaucoup pour aller à la rencontre de clients.
Effectivement. Certains de mes clients sont localisés à l’étranger, il faut donc aller leur rendre visite. En ce moment, il m’arrive d’aller en Suisse pour une journée, de revenir le soir. Si je dois partir plus longtemps, j’ai ma brosse à dents Horace, mon dentifrice Marvis au format voyage, et j’utilise les produits qu’on me donne dans la trousse Air France pour éviter de voyager trop lourd. Mais la clé d’un voyage réussi, c’est de porter une paire de Desert Boots Clarks, comme Anthony Bourdain. C’est la chaussure parfaite pour voyager : elle se retire facilement à la sécurité, peut à la fois faire un peu habillée comme décontractée, et surtout, elle est confortable.
Entre les voyages, et les nombreux projets sur lesquels tu travailles, parviens-tu à déconnecter facilement ?
J’ai un portable professionnel que j’essaye de regarder le moins possible le soir et en vacances, même si c’est difficile. Ce qui me permet de décompresser, c’est la boxe. J’y vais deux fois par semaine lorsque j’ai ma fille, trois lorsqu’elle n’est pas là car je peux y aller le week-end. Je ne pense plus aux mails pendant une heure et demi.
Tu en fais depuis longtemps ?
Ça fait environ un an et demi, j’ai commencé car j’avais arrêté de fumer, je retrouvais du souffle et devais perdre du poids. Apparemment, je vais dans le même club que Lionel Benatia, mais je le vois peu. Je pense qu’il n’y va jamais.
Comment la pratique de la boxe influe-t-elle sur ta routine ?
Je me douche là-bas, je m’exfolie avec une éponge car j’ai lu sur un site que c’était plutôt bon après le sport. Je me demande d’où je tire ça (rires) ! J’ai aussi du parfum en roll-on dans mon sac. Pour sentir bon après, car j’y vais facilement entre midi et deux.
Tu as la tête rasée. À quelle fréquence coupes-tu tes cheveux ?
Je n’ai pas vraiment choisi la tête rasée, c’est elle qui m’a choisi : je perds mes cheveux. Je fais ça une fois par semaine, et je me taille la barbe en même temps. J’utilise un sabot 1 sur la tête et sur les côtés de ma barbe, et un sabot plus long sur le devant./ Ça permet d’affiner le visage.
Tu perds tes cheveux depuis longtemps ?
Depuis que j’ai 25-30 ans, à peu près. Je ne le vis pas forcément hyper bien : je peux t’assurer que si j’avais des cheveux, je leur ferais honneur ! Mais j’ai choisi de l’assumer, merci à Bruce Willis d’ailleurs. Pour l’anecdote, un jour, je monte dans un Uber et la première chose que le chauffeur m’a dit c’est “vous avez déjà pensé aux implants ?”. J’avais un peu envie de l’insulter, mais en fait, il voulait juste se renseigner car il perdait ses cheveux. Il y a une forme de reconnaissance entre chauves, je crois, en mode George Costanza.
En tout cas, ta routine est bien ficelée.
Oui c’est assez routinier, c’est vrai… Après, c’est assez simple et basique. C’est plutôt de l’hygiène que du “grooming” - un terme qui me gène un peu alors qu’en fait il s’agit simplement d’être propre.
Photos : Louis Muller