Dans la routine de Christophe Quiquandon Dans la routine de Christophe Quiquandon

Dans la routine de Christophe Quiquandon

Entretiens

Photos Louis Canadas

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Le fondateur de Bros. parle pêche à la mouche, vie en banlieue parisienne et travail avec des athlètes.

À deux pas de Paris, Enghien-les-Bains est une ville paisible réputée pour son champ de course, son casino et son lac. C’est ici que s’est installé Christophe Quiquandon, 43 ans, fondateur de l’écosystème Bros. C’est ici aussi que, autour d’une de ses “fameuses quiches maison”, il nous a reçus pour nous parler de sa routine.

Christophe, Bros., c’est quoi ?

Bros., ça existe depuis 1 an. C’est à la fois une agence marketing spécialisée dans le sport, Bros. Agency, et une agence de storytelling, Bros. Club. C’est une sorte d’entité bicéphale qui fait de la stratégie, mène des campagnes, et exerce comme labo créatif… Mes associés et moi sommes de gros fans de sport, et certains, comme Blaise Matuidi, Vincent Clerc, Ronny Turiaf ou Boris Diaw sont des athlètes qui ont forcément le goût de la performance et de l’excellence. On adore ça, mais on ne trouvait pas vraiment notre compte entre le format long, les émissions fouillées comme “Intérieur Sport” et la story Instagram. C’est là que nous intervenons avec Bros. Club et notre site.

Quel est ton rôle aujourd’hui au sein de l’agence ?

J’exerce aujourd’hui la fonction de président des deux entités. C’est pour moi une découverte de la vie d’entrepreneur avec ses points positifs et le côté moins sexy, comme l’administratif et la comptabilité.

Que faisais-tu avant de te lancer dans cette aventure ?

Après une école de commerce, j’ai été commercial et au marketing chez Danone pendant 5 ans, avant de passer chez Nike, où j’ai passé une quinzaine d’années. J’ai toujours adoré le sport donc lorsque j’étais chez Danone, j’envoyais des CVs tous les ans dans l’espoir d’intégrer cette industrie. J’ai commencé à 27 ans comme chef de produit sur les chaussures et le sportswear avant d’entrer au marketing pour la Coupe du Monde de rugby en 2007. J’ai ensuite exercé les fonctions de directeur marketing football au moment où l’équipe de France a signé son contrat de sponsoring avec Nike.

Quelles sont les différences entre la vie dans une grande entreprise et celle que tu as aujourd’hui ?

Dans une grosse boîte, il y a des process lourds, une hiérarchie et une certaine inertie qui, même si ce sont des années toujours formatrices, est parfois difficile à vivre. J’étais aussi arrivé à un moment où j’avais envie de me tester, de voir si je pouvais mener ma barque seul. Chez Bros., on met les relations humaines au centre des projets, d’où ce nom. Le fait de travailler entre amis vient nous transcender : on a envie de performer, de faire de notre mieux ensemble. C’est vrai aussi au service de nos clients, on a vraiment choisi ceux pour lesquels nous travaillons pour l’instant, pour construire une relation forte, authentique et si possible durable.

Avec quel type de clients travaillez-vous ?

On travaille avec des marques comme Orange, Eden Park, Adidas ou Salomon, mais aussi pour des sportifs, lorsqu’il doivent gérer une situation particulière : un départ de club, un évènement extra-sportif… Quoiqu’il arrive, nous essayons de nous inscrire dans la durée, et de toujours donner le maximum pour nos clients. Lorsque nous travaillons avec des athlètes, ils ont le dernier mot. Nous voulons les montrer comme ils sont vraiment, au naturel.

Les montrer au naturel, c’est un moyen de tacler l’image parfois négative des sportifs de haut niveau ?

Il y a beaucoup de raccourcis sur les sportifs, c’est vrai. Pour moi, un mec qui est dans les 11 meilleurs d’un sport avec deux millions de licenciés, il a forcément quelque chose de spécial. Ce qui nous intéresse, c’est de mettre en avant ce qu’il a de spécial, justement.

Tu travailles aujourd’hui de chez toi, c’est ça ?

Oui, même si c’est destiné à évoluer : nous cherchons des bureaux pour la rentrée. Mes associés sont assez éparpillés, certains sont aux États-Unis, donc on peut travailler à distance sans problème.

À quelle heure commencent tes journées ?

Je ne suis jamais debout après 8h, mais j’optimise au maximum mon temps de sommeil. Une fois que le réveil a sonné, je suis dans la douche après maximum 40 secondes. Ma journée commence instantanément.

Tu utilises beaucoup de produits ?

J’adore me brosser les dents. Je pourrais le faire 8 fois par jour. Sinon, je suis un peu sauvage. Je ne me rase pas vraiment. J’aime bien me nettoyer le visage, mettre de la crème hydratante, c’est un bon rituel. J’utilise aussi un gel douche à la frangipane. Je ne suis pas très attaché aux produits, j’aime bien découvrir de nouvelles choses. Mon seul produit attitré, c’est Eau Sauvage, le parfum que mon père portait.

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Tu vis, et travailles donc, en banlieue parisienne. Ça fait longtemps ?

À Enghien, depuis février. Avant ça, j’avais une maison à la campagne dans le Parc Naturel régional du Vexin. Lorsque j’étais chez Nike, j’ai eu envie de me rapprocher des bureaux, qui sont en banlieue. Vivre en banlieue, ça va bien avec ma personnalité. J’aime autant Paris que la campagne auvergnate, où j’ai grandi, j’aime autant aller dans une soirée “cool” qu’à la pêche ou à un match de rugby amateur. Je n’aime pas trop les cases, j’ai des amis de tous les horizons.

Justement, ton compte Instagram est plein de photos de pêche. C’est une passion ?

Oui, je pêche depuis toujours. J’ai commencé enfant. Mes grands-parents avaient un chalet près d’un lac en Auvergne. J’y passais mes journées, du lever du soleil jusqu’à 22:00. Vers 10 / 12 ans, j’ai commencé à pêcher à la mouche, et je pratique toujours. J’étais récemment en Slovénie pour pêcher. C’est la seule activité qui me permet de déconnecter, c’est 8 heures passées à me vider la tête.

J’ai toujours été fasciné par la pêche à la mouche. Tu peux m’en dire plus ?

C’est une pêche saisonnière, très technique et esthétique, on pratique dans la saison où il y a des insectes, de mars à novembre, en gros. C’est du no kill, juste pour le sport : on relâche les poissons après les avoir pêchés. On pêche surtout la truite, un poisson intelligent : il ne faut pas faire de bruit, ne pas être dans son champ de vision… C’est presque scientifique !

C’est le seul sport que tu pratiques ?

Le sport, ça fait partie de mes bonnes résolutions en permanence. J’ai envie de me mettre à la natation, ou peut-être à l’aviron sur le lac d’Enghien. J’ai aussi longtemps joué au rugby, avec quelques grands moments dans ma carrière !

Ah oui, lesquels ?

J’ai commencé très tard, ce qui est un peu un regret car je me demande quel niveau j’aurais eu en commençant plus tôt. On me poussait à en faire en école de commerce car j’étais costaud, que j’avais “le physique pour”. J’ai essayé et ça m’a plu. Lorsque je suis parti en stage à Paris, je me suis inscrit à l’ASPTT, qui était en groupe B, l’équivalent de la 2ème division à l’époque. Je jouais notamment avec des internationaux roumains. Mais le vrai grand moment de ma carrière, c’est lorsque je vivais à Aix-la-Chapelle, en Allemagne. J’avais été pré-sélectionné pour un match de l’équipe d’Allemagne, ma mère étant allemande. Ma carrière s’est terminée à 32 ans, sur une suspension (rires).

Une bien belle carrière. Tes journées de travail s’organisent comment ?

J’ai du mal à être efficace le soir, j’arrête généralement vers 19:00, sauf s’il y a un peu d’action : sur une prod, sur un tournage, je n’ai aucun souci à finir tard. Sinon, j’aime l’efficacité, et éviter les dispersions. J’aime bien raconter des blagues, mais pas trop en réunion !

Et tu déconnectes facilement ?

Oui, paradoxalement, c’est plus facile aujourd’hui que dans mon travail précédent. Je ne vais pas te mentir, il y a eu 6-8 mois techniques, un peu commando. Aujourd’hui, on est mieux organisés, ça roule presque tout seul. Lorsque je ferme mon ordinateur ou que je sors, je coupe. J’ai eu beaucoup de contraintes, j’en veux moins aujourd’hui. Après, je suis quelqu’un qui gamberge beaucoup… Sauf à la pêche !

Photos : Louis Canadas