Dans la routine de Mathieu Le Maux Dans la routine de Mathieu Le Maux

Dans la routine de Mathieu Le Maux

Entretiens

Photos Otto Seubu

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Portrait du rédacteur en chef de la rubrique "Action" de GQ.

Nous arrivons chez Mathieu Le Maux, dans le 19ème arrondissement de Paris, alors que le jour n’est pas encore levé. Mathieu, lui, est bien levé, depuis 6h. Il nous accueille pour le repas le plus important de sa journée : le petit déjeuner. Autour d’un café pour nous et d’un repas bien ficelé pour lui, il nous détaille l’organisation de sa journée, son parcours, et sa vie, plus généralement. Portrait.

« J’aurais dû aller courir ce matin, mais on est un peu sortis hier soir, donc j’ai sauté la session », lance-t-il l’air coupable. Il faut dire que l’homme prépare déjà son marathon annuel, qu’il prévoit de faire à Bruxelles ou à Budapest à l’automne. « J’ai couru à Paris, à Vincennes, mais aussi à Florence et à Amsterdam pour le dernier ». En 2015, il y a six mois donc, pour son meilleur temps : 3 heures, 36 minutes. "Actuellement, j'essaye de perdre un peu de poids avant d'attaquer la préparation, en juillet, car je sens qu’en attaquant la préparation à mon poids de forme, je peux viser les 3h25 ». Pour cela, Mathieu boxe, une à deux fois par semaine, et joue au football à 5, avec des amis, tout en travaillant avec un coach personnel.

Médaille du Marathon d'Amsterdam

À côté de la course, Mathieu travaille. Chez GQ, où il est rédacteur en chef de la rubrique « Action », qui regroupe les rubriques sexe, sport, et grooming. « C’est vraiment une rubrique sur le corps de l’homme, et ce qu’on peut en faire ».

À 34 ans, il est journaliste depuis 12 ans et son diplôme de l’IUT journalisme de Lannion. « J’ai ensuite fait un stage à Libération, puis j’ai eu un CDD à Ouest France, et je suis revenu en 2006 à Libération ». Là-bas, il travaille sur le hors-série de la Coupe du Monde 2006, en collaboration avec So Foot, et assise à la dernière conférence de rédaction de Serge July. « Puis deux jours après la finale, deuxième coup de boule : les hors-série sont coupés et tous les CDD passent à la trappe », un coup dur. Le marasme, pourtant ne s’installe pas : il rentre, après ça, en vacances chez ses parents, en Bretagne. Il y rencontre sa femme.

Puis, un mercredi matin de décembre 2006, Mathieu reçoit l’appel qui va changer sa vie professionnelle. Anne Boulay, alors rédactrice en chef de GQ et aujourd’hui chez Vanity Fair, l’appelle pour lui demander s’il veut participer à l’élaboration de la version française du fameux magazine. Il participera aux n°0 du magazine. Jusqu’à devenir rédacteur en chef sport, en février 2011. Puis chef de la rubrique « Action », donc.

GQ

« J’ai aussi écrit deux livres, et travaille sur plusieurs autres ». Le premier, le « Dico du Running », est sorti chez Flammarion en 2014. Le second, « 1000 Baskets culte », chez Hachette en 2015, traite d’une autre obsession de Mathieu Le Maux : les sneakers. « Un choix à faire en plus le matin, puisque j’en ai près de 400 paires ». Il vient de finir, avec son frère Baptiste, un ouvrage sur les célébrations de buts de footballeurs. Les deux, passionnés de football (« j’ai joué jusqu’en DH, j’étais un milieu de terrain de devoir », nous explique Mathieu), sont supporters de l’En Avant Guingamp. « C’est vraiment un livre qu’on a fait pour se marrer ».

Livres de Mathieu

"J'ai presque une double vie : je ne suis ni marathonien ascétique, ni vrai bon vivant"

Le matin, la routine de Mathieu Le Maux, qui commence entre 5h15 (« si je suis en préparation d’un marathon, une à deux fois par semaine ») et 6h, est particulièrement organisée. « Une nécessité, vraiment ». Car Mathieu porte une autre casquette, celle de père. Mathieu débute le petit déjeuner en solitaire, avant l’agitation, quasiment toujours avec le même menu : café, flocons d’avoine et lait d’amande, compote et Krisprolls. France Inter en fond sonore, il consulte les réseaux sociaux, puis Courrier International et SoFoot. En pleine préparation, Mathieu fait du rééquilibrage alimentaire avec la même nutritionniste que Teddy Riner, et déguste une étrange mixture à la vanille. « J’oscille entre 79 et 87 kilos environ : mon problème, c’est que je ne suis ni marathonien ascétique, ni vrai bon vivant. J’ai besoin d’avoir ces deux vies. »

La mixture de Mathieu

"Je finis de me préparer au bureau, lorsque j'arrive"

Ensuite, direction la douche, avant le réveil des enfants toujours. « Je me nettoie le visage avec le nettoyant Baxter of California, puis me brosse les dents ». Le week-end, il s’adonne à un soin plus profond, avec le masque à l’argile Baxter of California, ou des produits qu’il reçoit au bureau. Hebdomadairement, il utilise une lotion Dr. Bronner hydratante pour le corps. « La plupart du temps, je finis de me préparer au bureau, lorsque j’arrive ».

Une fois les enfants levés, le petit déjeuner se poursuit en famille : « c’est très important pour nous de prendre le petit déjeuner avec les enfants », âgés de 3 ans et demi et de 9 mois. «Le midi, chacun est de son côté, et le soir, ils ont tendance à s’endormir tôt. C’est le seul moment où l’on peut être vraiment tous ensemble, avec le week-end bien sûr ». À 8h15, au plus tard, sonne l’heure du départ : le matin où Mathieu nous reçoit, vacances scolaires obligent, les enfants ne sont pas là. Il n’y aura pas le traditionnel arrêt à la crèche ou à l’école sur le chemin du travail : nous filons directement dans la ligne 5 vers les bureaux de GQ.

Les chaussures de Mathieu Le Maux

« Le métro, c’est vraiment le pire moment de la journée », souffle Mathieu. Comprimés à une heure de pointe dans les wagons des lignes 5 puis 2, nous descendons à la station Courcelles et rejoignons l’avenue Hoche, où sont situés les bureaux de GQ. Dans les ascenseurs qui permettent d’accéder au septième étage, nous sommes une nouvelle fois comprimés, cette fois-ci contre des employés de bureau aux costumes gris trop grands. Condé Nast France partage ses bureaux avec des entreprises comme Mitsubishi.

Néon

Une fois arrivés à destination, nous découvrons des bureaux vides, ou presque. « J’arrive à 9h, mais la plupart des gens arrivent à 10h ». Nous pouvons donc profiter de la vue de Paris qu’offre l’immense baie vitrée de la partie « café » des bureaux du géant de la presse. Dans la grisaille, on distingue la Tour Eiffel, le Grand Palais.

Vue de Paris depuis GQ

"Francis Kurkdjian, c'est pour moi le Steve Jobs de la fragrance"

Mathieu, lui, n’a pas le temps de regarder par la fenêtre : il doit aller finir de se préparer. Dans les toilettes du bureau, un peu de cire pour les cheveux Sachajuan, ou une cire sèche au bois de rose, selon son humeur, et un peu de parfum. Il alterne selon les humeurs et ce qu’il reçoit : ce jour-là, c’est un Vétiver, le n°6 d’Elie Saab, oeuvre de Francis Kurkdjian, dont Mathieu est un grand fan. « À 25 ans, il faisait Le Mâle de Gautier, ça en dit long sur son talent. C’est le Steve Jobs de la fragrance ». Sur le visage, il utilise une crème aux oléosomes et sérum Odacité, offerts par son ami Guillaume Salmon, responsable de la communication de Colette. “Il ne faut pas l’appliquer en étalant, mais tapoter. Souvent, j’étale quand même, je gagne du temps”.

"En France, on a toujours l’impression que c’est quelque chose de dur à assumer, qu’il faut faire son grooming out"

“Je ne sais pas ce qui m’a donné le virus du soin, sans doute mon grand-père maternel, qui se peignait et se lavait le visage à l’eau de Cologne avant d’aller se coucher”, nous explique Mathieu lorsqu’on lui parle de son attachement au grooming. « En France, on a toujours l’impression que c’est quelque chose de dur à assumer, qu’il faut faire son “grooming out”. Ailleurs, le rapport est inversé, c’est si tu ne mets pas de crème que tu es bizarre ! En Angleterre, certaines marques sont des institutions magnifiques, comme D.R Harris ». C’est ce que nous dit Mathieu Le Maux alors qu’il nous raccompagne, avant de retourner à son bureau où, dans sa rubrique, il essaiera d’aider les hommes à faire leur fameux « grooming out ». « C’est pas mal, cette formule, non ? », s’amuse-t-il avant de nous serrer la main. Chez Condé Nast, les rédactions se remplissent.

Produits Cheveux

Photos : Otto Seubu