Dans la routine de Teki Latex Dans la routine de Teki Latex

Dans la routine de Teki Latex

Entretiens

Photos Sébastien Filosa

Texte Matthieu Morge-Zucconi

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Le DJ parle vêtements, apnée du sommeil et rasage du crâne.

Quel autre DJ peut se targuer de mieux s’y connaître en vêtements de randonnée que Teki Latex ? Rappeur retraité devenu DJ spécialiste des mélanges audacieux de musique comme de pièces rares The North Face, l’homme de 41 ans est aussi un spécialiste du voyage (logique, quand on part jouer aux quatre coins du monde chaque week-end), du Club Mate, cette boisson énergétique très populaire en Allemagne, et du rasage du crâne. À l’hôtel, car c’est là qu’il passe le plus clair de son temps, il se raconte, entre changement de carrière, apnées du sommeil, et sensations mentholées de notre gel à raser.

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Teki Latex. Pour mettre en avant ce que je fais aujourd’hui, je vais juste dire DJ. J’ai 41 ans.

Avant de devenir DJ, tu as eu plusieurs autres carrières. Tu peux m’en dire plus ?

Je suis un ancien rappeur, un ancien membre du groupe TTC, un programmateur d’émissions de télé sur Internet depuis 1998 sous diverses formes, la dernière en date étant Boiler Room, que j’anime et programme de temps en temps depuis 2017. De plus en plus rarement, ceci-dit, car mon métier de DJ me prend de plus en plus de temps. Je m’économise un peu plus sur les activités que je qualifie d’annexes. Quand j’anime une émission de streaming ou que je programme une soirée, je considère ça comme des choses annexes à mon métier principal, celui de DJ. J’ai aussi été patron de label. Au final, tout ça, c’est assez lié : tout revient à choisir de la musique, à déterminer qu’elle sera jouée dans tel ou tel ordre, de telle ou telle manière, en utilisant tel ou tel trick pour que ça sonne mieux. Ça revient à sélectionner des morceaux. J’ai eu plusieurs labels : j’ai participé à la création d’Institubes en 2003, et j’ai co-fondé avec DJ Orgasmic Sound Pellegrino, en 2009. On fête les dix ans, on va sortir une compilation qui s’appelle Sound Pellegrino Decennium. C’est nos morceaux préférés du label repackagés dans un format attractif, pour résumer.

En ce moment, outre cette compilation, tu te concentres sur quoi, du coup ?

En ce moment, je tourne beaucoup et je ne sors plus de musique sous mon nom, je n’en fais plus. Ma dernière sortie, c’était en 2014. Depuis, je fais des mixes. J’ai choisi de m’exprimer à travers des mixtapes. Je les traite et les conçois de manière approfondie, le même soin que quelqu’un pourrait mettre dans la création d’un EP ou d’un album. Je fais en sorte qu’il y ait quelque chose à raconter derrière. Je n’aime pas dire que je “raconte une histoire” avec un mix, mais il y a des concepts, des messages qui passent, des choses que l’on dit. Au lieu de le dire avec des mots, on le dit avec des enchaînements de morceaux, des superpositions. C’est un tissage sonore. C’est devenu ma manière à moi de faire de la musique. Certaines personnes assemblent des sons pour faire de la musique, moi j’assemble des morceaux pour en faire un mix. La réception est très bonne : j’étais dans les 10 albums de l’année dernière de GQ pour un mix sorti sur Soundcloud, par exemple. C’est une grande fierté pour moi, de réussir à ce que Pitchfork écrive sur les mixes que je sors, par exemple. Le prochain en date est fait avec Nick Dwyer, un néo-zélandais qui vit à Tokyo. C’est le spécialiste mondial de la musique de jeux vidéos, un grand archiviste de ce type de musique. On s’est rencontrés via un podcast qu’il a animé pendant 3 saisons, où il m’avait invité. On a mixé ensemble par la suite, et on s’est très bien entendus. Ça sortira en février.

Pourquoi tu t’es arrêté sur le djing, par rapport à tes autres activités ?

Tous les trucs annexes que j’ai pu faire, c’était pour avoir plus de dates en tant que DJ. En gros, de 1998 à 2007, il y a eu TTC. Par la suite, j’ai eu une petite carrière solo avec “Party de Plaisir” puis la mixtape “Mes pelures sont plus belles que vos fruits”. À peu près au même moment que cette mixtape est né Sound Pellegrino. C’est le moment où je commence à me dire que je vais devenir DJ à ce moment là. J’avais déjà touché aux platines à l’époque de TTC, fait quelques DJ sets à l’époque de mon album solo car j’avais pas envie de faire de lives. J’ai appris à mixer sur le tas, mais avec Sound Pellegrino, un label de “dance music”, j’avais envie d’en jouer sérieusement et de m’entraîner, pour être DJ de manière beaucoup plus construite et consciente. En sachant ce que je fais, en bref, par opposition à ces fois où je l’avais fait de manière accidentelle. J’y ai pris goût, je suis devenu de plus en plus à l’aise, et de plus en plus, ça a pris de la place dans mon activité. Plus j’étais au contact de la musique électronique, plus j’étais fasciné par le métier de DJ. Un jour, alors qu’on était bloqués en studio sur un morceau, Para One m’a dit “écoute, si tu veux être DJ, sois DJ”. À partir de ce moment-là, j’ai arrêté de courir après l’actu en permanence, de sortir des morceaux pour le seul but de pouvoir jouer comme DJ, et je me suis consacré à ça.

Aujourd’hui, comment s’organisent tes journées ? En décalé, j’imagine, car tu travailles la nuit.

Là, tu me chopes à un moment où je rentre d’Asie, donc je suis très fatigué - je n'ai pas eu le temps de me recadrer. Je me lève anormalement tôt pour moi, entre 8 et 9 heures. Le matin, j’avance sur mes mails, je m’ennuie un peu, puis ma journée continue de manière normale. Quand j’ai le choix, je me lève plutôt vers 11 heures du matin. Je fais un peu d’Internet, je prends ma douche, une ou deux fois par semaine je me rase la tête, au rasoir. Et puis je vais direct déjeuner : soit je commande à manger, soit de manière rarissime je me fais à manger, soit je vais au restaurant. J’ai souvent des rendez-vous pour le déjeuner. J’ai la chance d’habiter dans le 9ème, il y a plein de trucs super. La semaine, après déjeuner je rentre chez moi et je m’occupe de mes réseaux sociaux, de mes mails.

Et le week-end ?

Le week-end, c’est différent. La plupart du temps, je file direct à l’aéroport après m’être levé et douché. Je mange à l’aéroport. Je suis trop fort dans les aéroports maintenant, j’ai le “speedy boarding”, tout ce qu’il faut. J’arrive au dernier moment. J’amoindris au maximum le moment d’attente pénible. Je prends l’avion comme on prend le métro (rires) !


C’est quoi, tes astuces pour un voyage réussi ?

Voyager léger. J’ai le même sac depuis 2008. Je l’ai acheté en Australie. Il m’avait coûté cher, mais je l’ai clairement rentabilisé. C’est un sac à dos Porter et Visvim (marques japonaises, respectivement de sacs et de vêtements, ndlr) qui a un secret : une poche qui s’ouvre latéralement et qui permet de mettre son laptop. Dans la queue pour le contrôle, tu n’as donc pas besoin d’ouvrir ton sac. Ça fait 10 ans que c’est terminé, la galère au contrôle, pour moi. J’ai acheté plein de sacs à dos depuis, mais en avion, pour gagner du temps, c’est mon sac à dos fétiche. J’ai aussi une trousse de toilette North Face, avec mes médicaments - contre l’asthme, notamment. J’adore les hôtels, donc c’est un plaisir. Je suspends mes affaires, mon t-shirt de rechange du lendemain, par exemple. Je m’installe quoi. Ensuite, je vais dîner avec le promoteur, puis je joue. Il est très rare que je participe à des festoiements de type “after”. Je préfère un bain de minuit à l’hôtel. Je prends souvent un bain avant d’aller me coucher. Ensuite, avant de me coucher, je mets ma machine anti-apnée du sommeil pour m’endormir, et je dors. Ça fait partie de ma vie, de ma routine, depuis 2 ou 3 ans.

Tu glisses quoi comme produits dans ta trousse de toilette ?

Le Gel à Raser Horace. C’est le bonheur. Avant, j’utilisais un truc super : l’huile à raser Kiehl’s. Se raser le crâne, c’est agressif : tu sens que si tu le fais trop souvent, tu peux t’irriter la peau. Le cuir chevelu, c’est plus sensible que la barbe, par exemple. J’ai peu de barbe, je me rase surtout les cheveux. Du coup, je suis très exigeant avec les produits de rasage. J’aime les gels, ou la crème. J’ai longtemps utilisé un gel Williams que je ne trouve plus. Ensuite, l’huile Kiehl’s a été une révolution pour moi, je l’achetais par 5. Ils ont arrêté de la faire il y a 4 ans, et j’étais malheureux depuis. Je cherche quelque chose qui fait glisser la lame de manière fluide, un peu mentholé… Le Gel à Raser Horace, c’est exactement ce que je cherchais : quand je l’utilise, je vois dans ma tête comme un petit dessin animé en 3D, avec la lame du rasoir qui fait éclater des petites bulles de menthol. J’en ai une bonne réserve à la maison : je n’utilise plus que ça. En général, les après-rasage m’irritent, donc j’évite. Il m’arrive de m’hydrater mais c’est rare.

Comment parviens-tu à rester frais avec l’enchaînement des soirées ? Tu ne bois pas ?

Je m’octroie, pour des occasions très spéciales, un verre de champagne ou une bière. Au maximum, je dois boire deux verres par semaine. J’aime pas le Red Bull, donc je bois des Perrier - même si ça ballonne vite. Le Club Mate, c’est le mieux. Parfois, je bois du café, s’il y en a. Un espresso dans le club, c’est le rêve ! Bon, je dois dire que la vie saine n’est pas bonne pour les bookings : les gens qui jouent le plus sont ceux qui boivent avec les promoteurs. Parfois, on a pas envie de me réinviter (rires). Mais en vrai, je n’ai pas besoin de boire ou de me droguer pour m’amuser : j’aime la partie musicale, l’ambiance des boîtes de nuit, le look des gens qui viennent me voir. Il y a un aspect presque sociologique que j’apprécie énormément.

La vie de DJ n’est-elle pas trop solitaire ?

Je suis assez souvent tout seul, même s’il est fréquent que je sois booké avec des gens que je connais, ou que des potes jouent dans la même ville. C’est souvent le cas à Tokyo, par exemple. C’est toujours amusant. Après, parfois, j’ai aussi envie d’être seul. Il m’arrive donc d’aller dans ma chambre d’hôtel pour me reposer avant de jouer. Je médite, je me repose, je prends un bain, je sélectionne les derniers morceaux… Je suis très consciencieux dans ma manière de préparer mes sets, donc ça me prend aussi du temps.

Tu fais très attention à ton look. L’apparence, c’est important pour toi ?

J’adore les vêtements, et j’aime la science des outfits, si on peut dire. Mon métier, c’est pas de montrer aux gens comment je m’habille, c’est d’être DJ. Mais j’aime ça. En fait, j’ai rencontré Big-O (Takeshi Osumi, ndlr), de la marque japonaise Phenomenon, en 2008 ou 2009, qui m’a donné envie de m’intéresser au streetwear, et à la mode en général, puis je me suis intéressé à plein de choses, jusqu’à aujourd’hui. Ça a commencé par ACG, puis les fringues de montagne, de trail, ce qui allait avec. Au Japon, je me suis rendu compte que c’était toute une culture là-bas, qui rejoignait aussi un peu ce que j’aimais chez Ralph Lauren dans mes années rap… À un moment, j’ai eu une période un peu fluo, aussi, à une époque où j’avais du mal à ordonner mes idées en matière de vêtements. Aujourd’hui, avec le recul, je comprends que ce que je cherchais à cette époque-là, c’était au final très proche de ce que j’aime porter aujourd’hui.

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